Synthèse
La bonne réponse est la B.
Les hypothèses diagnostiques qui pouvaient être émises à la vue d’une lésion de la lèvre inférieure étaient :
Tumeurs bénignes conjonctives : A. fibrome (en relation avec un tic de succion, aspiration), B. lipome (coloration jaune sous la muqueuse), C. mucocèle (gonfle et dégonfle, en relation avec une morsure), D. hémangiome profond (vitropression), E. schwannome ou neurinome de la lèvre (rare), F. granulome à silicone (injection dans la lèvre dans l’anamnèse), G. corps étranger (fragment dentaire dans la lèvre suite à trauma).
Tumeur maligne : H. liposarcome (tumeur à prédominance adipeuse), tumeur d’une glande salivaire accessoire.
En se référant à l’histoire de la maladie on pouvait déjà éliminer le mucocèle (kyste mucoïde) qui succède à une blessure labiale et dont le volume fluctue. Le diagnostic de fibrome type diapneusie est éliminé à la fois lors de l’anamnèse et de l’examen clinique en l’absence de zone d’aspiration entre les dents mandibulaires à droite.
L’examen clinique a mis en évidence l’aspect jaunâtre de la lésion sous la muqueuse tendue qui oriente vers une structure adipeuse ou myélinique. Les diagnostics possibles sont le lipome et le neurinome pour les pseudo tumeurs bénignes et le fibrosarcome pour les tumeurs malignes. Le neurinome est rare dans la cavité buccale et dans la plupart des cas localisé sur la langue. La localisation labiale est la plus rare. Le bilan d’extension lors de la palpation des aires ganglionnaires permettait de penser à une lésion plutôt bénigne.
L’exérèse chirurgicale réalisée sous anesthésie locale (figure2), a permis de réaliser une analyse histopathologique qui a tranché entre les tumeurs adipeuses bénigne et maligne. En effet lors de l’exérèse, la profondeur de la lésion associée à l’absence de capsule bien individualisée pouvait faire hésiter avec un processus malin. La pièce d’exérèse présentait un aspect spumeux caractéristique d’un tissu adipeux affleurant sous la muqueuse et allant en profondeur jusqu’aux couches musculaires (flèche noire figure 3). On notait sur une coupe en grossissement 100x (figure 4) la présence d’une travée fibreuse entre les adipocytes. L’examen en fort grossissement 400x (figure 5) a permis d’écarter avec certitude le diagnostic malin par l’absence d’anomalie cytonucléaire relevée au niveau des cellules constituant la lésion: les cytoplasmes et noyaux réduits ont été refoulés par les enclaves lipidiques contre les membranes plasmiques, et constituent de fins liserés séparant les cellules. Le diagnostic définitif était donc un fibro lipome infiltrant assez rare au niveau de la cavité buccale.
Les suites opératoires ont été simples et le patient est revu en contrôle périodiquement tous les 6 mois.
Bibliographie
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