Novel Management Approach to Oral Leukoplakia: Topical Imiquimod Treatment
Alhadlaq MA, Villa A, Sroussi H, Ikeda K, Veluppillai P, Treister N, Monreal AV, Vacharotayangul P, Lodolo M, Woo S-B.
Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology and Oral Radiology. 2023;136(5):e160.
https://doi.org/10.1016/j.oooo.2023.07.022.
L’imiquimod (analogue nucléosidique de la famille des imidazoquinolines) est un immunomodulateur dont l’activité repose essentiellement sur son rôle de ligand des TLR 7 et 8. Cela lui confère ses propriétés antivirales en générant une synthèse accrue d’interféron alpha, de cytokines pro-inflammatoires (IL 1, 6 et 8) promouvant, entre autre, l’activation des cellules présentatrices d’antigènes, impliquées dans l’immunité antivirale (l’imiquimod est indiqué comme traitement local des condylomes ano-génitaux). Il agit également sur la voie des caspases favorisant l’apoptose cellulaire, ce qui lui confère des propriétés antitumorales (indication dans le traitement des petits carcinomes baso-cellulaires superficiels et de certaines formes de kératoses actiniques).
La leucoplasie orale (OL) est couramment traitée par excision chirurgicale. Cependant, cette prise en charge est invasive, protentiellement délabrante et difficile à proposer pour des lésions multifocales/prolifératives. Les approches non chirurgicales telles que la vitamine A, le tocophérol, le bêta-carotène ou la thérapie photodynamique ne donnent pas satisfaction.
Compte tenu de son efficacité prouvée sur certaines lésions précancéreuses et cancéreuses, les auteurs de cette étude partent sur le principe que l’imiquimod pourrait être un traitement non invasif prometteur pour le traitement des OLs.
Afin de valider leur hypothèse, les auteurs ont analysé rétrospectivement les patients atteints d’OL (présentant une dysplasie (légère à modérée ou focalement sévère) ou une hyperkératose, localisée (dans 29,4% des cas) ou multifocales/prolifératives (dans 70,6% des cas)) traités par application topique d’une crème d’imiquimod à 5% (en première intention (pour 64,7% des cas) ou seconde intention après excision chirurgicale (20,6%) ou injection de nivolumab dans le cadre d’un autre essai clinique (14,7%)). Les données recueillies étaient les antécédents médicaux, les caractéristiques de la leucoplasie, le site des lésions traitées (pour leucoplasie multifocale/proliférative), les résultats du traitement (en terme de diminution de taille de la lésion) et les événements indésirables liés au traitement. Le protocole consistait en une application topique (le plus souvent à l’aide de gouttières individualisées, les principales lésions étant localisées au nivreau gingival (81,3%)) pendant 60 minutes, 5 jours par semaine pendant 6 semaines.
En tout, 34 patients ont été inclus (17H/34F/67 ans) avec 38 lésions suivies. Dans 31,6% des cas, il y a eu disparition complète de la lésion; dans 18,4% des cas il y a eu diminution de 90% de la taille de la lésion ; 15,8% des lésions ont vu leur taille diminuer entre 50 et 90% ; 5,3% ont vu leur taille diminuer de moins de 50% et pour 28,9% des cas il n’y a eu aucun changement.
Les réactions au site d’application étaient les effets indésirables les plus fréquemement rapportés (douleur/sensibilité survenant dans 84,2 % des cas). Un sujet a développé un lichen plan buccal (LPB), probablement induit par le imiquimod, tandis que 3 sujets sur 6 avec OLP préexistant ont développé une phase active de leur lichen. Des événements indésirables systémiques sont survenus dans 57,9 % des cas, la fatigue étant la plus fréquemment rapportée (28,9%), suivie par des maux de tête (13,2 %) et desfrissons (10,5 %).
Après un suivi de 6 mois, 25 % des lésions complètement résolues ont présenté une récidive alors que 75 % sont restés sans récidive.
Commentaire :
Des études complémentaires méthodologiquement plus aboutiées (prospectives et randomisées etc) sont bien entendu nécessaires, mais si l’on fait la synthèse, l’imiquimod en crème à 5 % s’est révélée être efficace dans la diminution de 50% de la taille des lésions chez 65,8 % des cas avec une résolution complète dans 31,6% des cas. Après 6 mois, 75 % des lésions ayant totalement disparues sont restées sans récidive. Ces résultats suggèrent que l’imiquimod topique pourrait être une approche prometteuse pour traiter L’OL.
Les réactions observées sont de plus déjà connues suite à l’application topique de cette molécule (réactions sur le site d’application et syndrome pseudo-grippal) ne contre-indiquant pas son utilisation. Il faudrait néanmoins s’assurer de l’absence de lichen plan buccal au préalable (risque d’acutisation).