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Revue de littérature - Septembre 2015

Revue de littérature septembre 2015 – Dr Fortin

La proportion d’os spongieux comme facteur prédictif de la perte osseuse marginale autour d’implants en position mandibulaire postérieure.


The proportion of cancellous bone as predictive factor for early marginal bone loss around implants in the posterior part of the mandible.

Willem-Frederik Simons. Menke De Smit, Joke Duyck, Wim Coucke, Marc Quirynen. Clin. Oral Impl. Res 2015 ;26 : 1051–59.

De très nombreux facteurs pourraient expliquer le remodelage osseux péri-implantaire allant de la simple cratérisation considérée comme physiologique à la rupture de l’ostéointégration : le trauma lié à la chirurgie ou à l’occlusion, l’infiltration microbienne, les antécédents de parodontopathies agressives, le manque d’hygiène, le tabagisme, le manque d’ajustement des différents composants de la structures implantaire ou encore, bien que ceci manque de preuves formelles, un diabète mal contrôlé. Certaines études laissent à penser que les échecs implantaires sont plus fréquents dans les régions postérieures. Il n’existe à notre connaissance que peu d’études qui établissent une corrélation entre le rapport os cortical – os spongieux et la cratérisation marginale. C’est l’objectif que s’est fixée cette étude. Pour cela les radiographies de 423 implants à surfaces lisses ont été analysées rétrospectivement sur une durée de 42 mois en moyenne. 242 implants sont des unitaires et 181 inclus dans des reconstructions plurales. Ont été pris en compte les radiographies intra-orales le jour de la mise en fonction, à un an puis à 3-4 ans. Les images sectionnelles (CBCT ou scanner multispiralé) préopératoires ont également été prises en compte. La qualité osseuse est déterminée selon le rapport os cortical-os spongieux. A 3-4 ans après la mise en charge la perte osseuse lorsque la proportion d’os spongieux est inférieur à 30 % est de 1.83 (±1.48) mm sur 37 implants suivi et lorsque la proportion d’os spongieux est supérieur à 60% est de 0.91 (±0.75) mm sur 20 implants suivi. Le même type de régression linéaire est observé un an après la mise en charge. Les résultats fournis par cette étude montrent que plus la proportion d’os spongieux est faible, plus le remodelage marginal est fort. Ces résultats sont à rapprocher d’une étude histologique récente faite sur le chien (Rossi 2014) qui met clairement en évidence une différence significative de la surface os néoformé-implant dans la partie de l’implant qui est dans l’os spongieux par rapport à celle qui est en contact avec l’os cortical. La plus grande richesse vasculaire et en cellules mésenchymateuses explique cette plus grande capacité de l’os spongieux à s’adapter. L’os cortical est favorable à la stabilité primaire de l’implant lors de sa mise en place mais il pourrait favoriser la cratérisation au contraire de l’os spongieux. Cette étude analyse le rapport entre les deux types d’os sur un nombre restreint d’implants par catégorie, c’est sa seule limite, mais sans discuter de la qualité de l’os puisque l’utilisation du CBCT ne le permet pas.


The influence of sinus membrane thickness upon membrane perforation during transcrestal sinus lift procedure.

Wen S-C, Lin Y-H, Yang Y-C, Wang H-L. Clin. Oral Impl. Res. 26, 2015, 1158–1164.

La mise en place d’implants dans le secteur maxillaire postérieur doit souvent s’accompagner de ce que l’on appel communément un soulevé de sinus qui se pratique soit par voie latéral (Boyne & James 1980), soit par voie crestale  (Summers 1994) en fonction de l’épaisseur d’os résiduel. Des complications associées à ce geste sont régulièrement décrites dont la plus commune est la perforation de la membrane. L’incidence est loin d’être négligeable puisqu’elle est estimée entre 20% et 44% selon les études pour la voie latérale et entre 0% et 25 % pour la technique de Summer. La perforation entraine la diffusion du matériau de greffe  dans la cavité sinusienne avec son corolaire d’infections, de sinusites chroniques potentiels et d’échecs thérapeutiques. Cette perforation peut être associée à la technique elle-même, à l’existence d’un septum, une anatomie crestale particulière ou une membrane trop fine. Cette étude rétrospective portant sur 122 patients (âge moyen 52.28 ans +/- 12.40)  ayant reçu entre 2010 et 2013 un nombre de 185 greffes par voie transcrestale se propose de mettre en évidence une corrélation entre l’épaisseur de la membrane et le taux de perforation. Des données telles que l’épaisseur préopératoire de la membrane (1.78 +/- 1.99mm), le nombre de perforation (17.3%), la hauteur d’os résiduel (6.88 +/- 2.98mm) et le gain osseux obtenu (6.75 +/- 3.59mm) ont été collecté et analysé. Les auteurs mettent en évidence une forte corrélation entre l’épaisseur et le taux de perforation. Il est le plus faible lorsque l’épaisseur est entre 1.5 et 2 mm. Il est très élevé lorsque l’épaisseur est inférieure à 0.5 mm et de manière assez surprenante lorsque l’épaisseur est supérieure à 3 mm. Il est difficile de discuter ce dernier résultat car les auteurs ne fournissent pas le nombre de sujets étudiés par épaisseur. Pour autant, l’épaississement d’une membrane se traduit par une modification de ses structures épithéliales et conjonctives qui à partir d’une certaine épaisseur pourraient lui faire perdre ses propriétés mécaniques. Il est également montré une corrélation négative entre la hauteur d’os résiduelle et l’épaisseur de la membrane, plus il reste d’os, plus la membrane est fine, moins il reste d’os plus la membrane est épaisse sans que l’on puisse établir une corrélation entre le taux de perforation et l’épaisseur d’os résiduel. Ceci confirme les études précédentes qui associent la perte osseuse parodontale et l’augmentation de l’épaisseur de la membrane sinusienne. L’augmentation du taux de perforation avec l’épaisseur peut être associé à la fois à l’épaisseur de la membrane et à la faible hauteur d’os résiduel. C’est en effet ce que suggère d’autres études (van den Bergh et al. 2000 ; Ardekian et al. 2006). Il n’existe pas de corrélation entre la morphologie de la membrane (d’épaisseur régulière, complexe ou polypeuse) et le taux de perforation. En conclusion, il s’agit d’une étude bien menée qui synthétise et confirme les études précédentes.