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Revue de littérature - Novembre 2017

Revue de littérature novembre 2017. Dr. C. DESCHAUMES


Le délai d’implantation après avulsion dentaire influence-t-il le succès implantaire ?

M Esposito et al. Immediate, immediate-delayed (6 weeks) and delayed (4 months) post-extractive single implants: 1-year post-loading data from a randomised controlled trial . Eur J Oral Implantol 2017;10(1):11–26

Résumé:

La littérature concernant la pose d’implants immédiate est abondante depuis les années 1990. Les nombreuses études qui ont étudié l’intérêt de l’implantation post-extractionnelle immédiate ou retardée à six semaines ont retenu comme argument la prévention de la résorption osseuse liée au remodelage après avulsion et une prise en charge plus rapide que lorsque l’implant est posé en tissu osseux cicatrisé.

Si des études ont comparé l’intérêt de l’implantation immédiate par rapport à celle en tissu osseux cicatrisé, aucune étude clinique n’a comparé l’implantation post-extractionnelle immédiate, de celle retardée à 6 semaines et de celle en tissu osseux cicatrisé.

Cette étude randomisée en aveugle vise à évaluer à un an ces 3 techniques, ce après réhabilitation prothétique unitaire.

210 sujets devant bénéficier d’une avulsion dentaire avec remplacement par un implant ont été consécutivement recrutés et répartis de façon aléatoire en trois groupes : soit implantation post-extractionnelle immédiate, soit implantation post extractionnelle retardée à 6 semaines, soit implantation différée à 4 mois.

Quel que soit le groupe, une régénération osseuse guidée pouvait être réalisée immédiatement après l’avulsion selon le degré de perte de la corticale vestibulaire lors de l’avulsion.

Après 4 mois d’ostéointégration, l’implant était mis en fonction et une couronne provisoire puis définitive réalisée.

Les paramètres évalués en aveugle ont été le taux de succès implantaire, la perte osseuse (radiographies rétroalvéolaires avec incidence orthogonale), le contexte parodontal (Pink Esthetic score) et les complications post chirurgicales et prothétiques.

Les résultats de l’étude montrent un taux d’échec de 6% pour les implants post-extractionnels posés immédiatement ou à 6 semaines. Par contre, il est de 1,6% pour les implants posés en tissus cicatrisé, sans différence statistiquement significative entre les groupes. Le taux de complications post opératoires et prothétiques est le même quel que soit le délai d’implantation.

Par contre, la perte osseuse péri-implantaire à 4 mois et à 1 an est statistiquement plus importante si l’implantation a lieu 4 mois après l’avulsion que si elle est réalisée en post-extractionnel immédiat ou retardée.

L’intégration gingivale évaluée à 4 mois et 1 ans avec le PES est égament meilleure pour les implants posés en post extractionnel immédiat ou retardé que pour les implants posés à 4 mois, notamment en termes de contour gingival et de résorption alvéolaire.

Commentaires :

L’implantation post-extractionnelle immédiate ou retardée à 6 semaines est une technique intéressante par rapport à l’implantation différée à 4 mois post avulsion car elle permet une perte osseuse péri implantaire moindre à moyen terme (1 an) et une meilleure intégration gingivale de la restauration implanto-prothétique. Outre la réduction du temps de traitement, elle permet une meilleure esthétique. Mais cependant, il faut rappeler que cette technique est plus difficile à mettre en œuvre et s’accompagne de plus de complications post –implantation.


Le bicarbonate de sodium : un potentialisateur de l’anesthésie locale.

SAATCHI M et al. Effect od sodium bicarbonate buccal infiltration on the success of inferior alveolar nerve block in mandibular first molars with symptomatic irreversible pulpitis : a prospective, randomized double-blind study. J Endod 2016 ;42 :1458-61

Résumé :

Un des causes de la diminution de l’efficacité et de la durée de l’anesthésie locale est l’acidification du site d’injection. Cette acidification peut être liée à des injections répétées d’anesthésique local ou à une inflammation du site qui provoque une relargage de protons H+ par les cellules lésées. La baisse du pH provoque une sensibilisation des neurones nociceptifs via l’activation des canaux ASIC et TRPV1.

L’intérêt du tamponnement par du bicarbonate de sodium a été proposé mais des études à fort niveau de preuve montrent que l’adjonction de bicarbonate de sodium à la solution anesthésique n’améliore pas le délai de prise et l’efficacité de l’anesthésie.

Par contre, cette étude prospective randomisée en double aveugle a exploré l’intérêt du tamponnement du site d’injection précédant l’anesthésie sur l’efficacité de celle ci.

Les auteurs ont choisi la situation où l’anesthésie est la plus difficile à obtenir : la pulpite irréversible de la 1ère molaire mandibulaire. Cent sujets majeurs présentant une pulpite irréversible sur une première molaire mandibulaire ont été inclus ; ils présentaient une douleur modérée à sévère (supérieure à 55/170 selon l’échelle visuelle analogique de Helf-Parker) avec une réponse prolongée au froid. Après randomisation, les sujets inclus dans le groupe test recevaient une infiltration para apicale d’une solution composée de bicarbonate de sodium à 8,4% (0,7 ml) et de lidocaïne adrénalinée (0,3ml). Les sujets du groupe témoin recevaient une solution aqueuse de 0,3 ml de lidocaïne adrénalinée. Tous bénéficiaient 15 minutes après, d’une anesthésie régionale du nerf alvéolaire inférieur par la technique de l’épine de Spix. L’engourdissement de la lèvre inférieure a été obtenue pour tous les sujets. Quarante minutes après l’anesthésie, la dent est ouverte et la pulpectomie réalisée. La pulpe est vitale pour tous les sujets. Les sujets évaluent alors leur douleur : une douleur nulle ou modérée (inférieure à 54/140) permet de considérer l’anesthésie comme étant obtenue.

Les 2 groupes sont homogènes en âge, sexe et intensité de douleur initiale (107/14°(SD : 28,6) pour le groupe test et 113 (SD : 30,0) pour le groupe témoin. Au bilan, 78% des sujets ayant reçu la solution de bicarbonate de sodium sont considérés comme ayant eu un succès anesthésique. Alors que seuls 44% des sujets témoins ont un succès anesthésique ; il y a une différence statistiquement significative entre les 2 groupes (p<0,001).

Commentaires :

Cette étude montre que le tamponnement avec une infiltration de bicarbonate de sodium permet d’inhiber l’acidose tissulaire algogène de la pulpite mandibulaire, situation clinique la plus défavorable au succès anesthésique. Cette technique peut être également utilisée pour premièrement prolonger la durée de l’effet d’une anesthésie en évitant le phénomène de tachyphylaxie, c’est à dire la diminution de l’efficacité de l’anesthésique lors d’injections répétées d’anesthésique sur un même site.