SFCO

Revue de littérature - Novembre 2016

Revue de la littérature SFCO – Novembre 2016 – Dr Boisramé

Accidental aspiration/ingestion of foreign bodies in dentistry: A clinical and legal perspective. Yadav RK, Yadav HK, Chandra A, Yadav S, Verma P, Shakya VK. Natl J Maxillofac Surg. 2015; 6(2):144-51.

Résumé :

Dans notre pratique quotidienne où nous utilisons de petits objets chez des patients en position semi-allongée, l’accident d’inhalation ou d’ingestion peut survenir. Ces accidents certes rares peuvent être dramatiques pour le patient. Il est donc important de connaître ces types d’accident pour mieux les prévenir et les gérer le cas échéant.  En effet, les risques inhérents à ce type d’accidents ne sont pas anodins  et ne peuvent être négligés tant d’un point de vue socio-économique que médico-légal.

Cet article, à partir d’un cas clinique d’inhalation d’une broche endodontique et de retrait par fibroscopie pulmonaire, reprend de façon étayée et pertinente à la manière d’un article pédagogique, les différents facteurs de risque, les symptômes et la gestion de ces accidents iatrogènes pour mettre en avant l’importance de la prévention.

Les facteurs de risque d’inhalation ou d’ingestion sont soit liés au patient (enfants entre 1 et 3 ans,  personnes âgées, en état d’ébriété, handicap mental ou état de conscience altéré, antécédents neurologiques, ouverture buccale limitée,..) soit liés aux actes opératoires (position allongée, perte du réflexe lingual par anesthésie, détachement d’instrument, petits instruments glissants entre les gants).

Les symptômes de l’inhalation sont fonction de la taille et de la forme du corps étranger. La bronche droite étant la plus droite est le siège le plus fréquemment retrouvé. Les symptômes de corps étrangers inhalés sont une toux, une dyspnée, une respiration sifflante mais parfois peuvent être absents et venir tardivement se compliquer (paralysie cordes vocales, pneumonies, abcès pulmonaires,…). Concernant l’ingestion de corps étranger, aucun symptôme n’est perçu en immédiat mais si il y a obstruction de  l’œsophage ou perforation du tractus gastro-intestinal, différents symptômes surviennent (vomissements, nausées, hématémèse)

Les techniques de prévention consistent en endodontie à utiliser la digue, en chirurgie à avoir une aspiration performante, l’utilisation possible de packing.

Enfin, les auteurs terminent en apportant une notion juridique à cette iatrogénie en développant les différentes raisons des procédures et comment y remédier. La base éthique pour la qualité des soins est de recommander la meilleure thérapie tout en minimisant des dommages éventuels et d’éviter de placer un patient à un risque déraisonnable. Ainsi, les grands points à suivre pour éviter toute procédure sont une bonne relation médecin-patient (attention particulière accordée aux propos du patient, style de communication avec le patient), l’obtention d’un consentement éclairé approprié du patient avant de commencer le traitement c’est à dire expliquer le geste, les avantages, alternatives et conséquences, et risques associés à ce geste. Aussi, la reconnaissance précoce des facteurs de risque élevés et l’emplacement des corps étrangers avalés au cours d’une intervention chirurgicale ou non chirurgicale est importante mais dans les cas où l’accident survient, le praticien doit reconnaître les signes et symptômes, informer le patient et tout mettre en œuvre pour que soit éliminé le corps étranger inhalé ou ingéré.

Commentaires :

Cet article, très agréable à lire, permet de faire le point sur ces événements certes rares mais qui quand ils se présentent, nous confrontent à notre professionalisme dans leur prise en charge.


Oral health-related quality of life following third molar surgery with either oral administration or submucosal injection of prednisolone. Ibikunle AA, Adeyemo WL, Ladeinde AL. Oral Maxillofac Surg. 2016 Jul 22.

Résumé :

A l’heure du contrôle qualité et de l’amélioration de nos pratiques professionnelles,  cet article trouve toute sa place. En effet, les auteurs ont réalisé une étude comparative et prospective pour évaluer la qualité de vie orale après chirurgie de la troisième molaire avec une administration par voie orale ou par injection sous-muqueuse de prednisolone. Ainsi, ils ont réparti au hasard 62 sujets d’âge moyen de 28 ans dans 3 groupes :

Groupe A : sujets ayant reçu 40 mg de prednisolone par voie orale

Groupe B : sujets ayant reçu 40 mg de prednisolone en injection sous muqueuse

Groupe C : groupe contrôle.

La qualité de vie orale a été évaluée en préopératoire et en post opératoire (à J+1, J+3, J+7) à l’aide du questionnaire OHIP-14. Les sujets ont été classés comme étant soit affecté (score OHIP ≤28) ou non affecté (score OHIP> 28). Une comparaison des scores moyens OHIP a été effectuée entre les périodes pré-opératoire et post-opératoires, ainsi qu’entre les trois groupes.

Les résultats ont mis en évidence une augmentation significative des scores totaux dans tous les groupes postopératoires, ce qui est attendu avec un résultat plus marqué à J+1 et décroissant aux jours suivants. Les sujets ayant reçu de la prednisolone (groupes A et B) ont eu une meilleure qualité de vie orale statistiquement significative par rapport au groupe contrôle. De plus,  les sujets ayant reçu une injection sous-muqueuse de prednisolone ont montré moins de détérioration significative de leur qualité de vie orale par rapport à ceux ayant reçu de la prednisolone par voie orale.

En conclusion, les auteurs mettent en avant que l’administration de prednisolone était significativement associée à une meilleure qualité de vie orale après avulsion des troisièmes molaires. L’injection sous-muqueuse de 40 mg de prednisolone est une stratégie thérapeutique efficace pour améliorer la qualité de vie après l’avulsion des troisièmes molaires mandibulaires.

Commentaires :

Cet article conforte l’intérêt significatif de l’administration de corticoïdes pour l’avulsion des troisièmes molaires mandibulaires (Eroglu et al, 2015/Darawada et al, 2014). Concernant l’injection de corticoïdes lors d’une chirurgie des troisièmes molaires mandibulaires, les résultats de cette étude rejoignent l’étude contrôlée randomisée effectuée par Vyas et al. en 2014  qui a montré qu’ une injection unique de 40mg de méthylprednisolone en préopératoire était plus efficace pour réduire la douleur, le trismus et l’œdème comparativement à celle administrée en postopératoire.