Laurent Devoize
L’oxygénothérapie hyperbare peut-elle améliorer la qualité de vie des patients atteints d’hyposialie post-radique ?
Hyperbaric oxygen therapy for the treatment of radiation-induced xerostomia: a systematic review.
Fox NF, Xiao C, Sood AJ, Lovelace TL, Nguyen SA, Sharma A, Day TA. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol. 2015;120(1):22-8.
Résumé :
La xérostomie est une conséquence importante de la radiothérapie cervico-faciale qui altère considérablement la qualité de vie des malades et leur état bucco-dentaire. Les traitements proposés, pharmacologiques (substituts salivaires, pilocarpine, cevimeline) ou non (stimulation gustative, acupuncture), ont des résultats peu concluants ; aucun n’est d’ailleurs universellement reconnu. L’oxygénothérapie hyperbare a été initialement proposée pour la prévention de l’ostéoradionécrose. Son principe repose sur une dissolution de l’oxygène dans le plasma sanguin, permettant ainsi une meilleure oxygénation des tissus, favorisant la néovascularisation, la synthèse de collagène et la mobilisation de cellules souches. Le but de cette revue systématique était de faire le point sur les résultats de l’oxygénothérapie hyperbare sur la xérostomie radio-induite. Après sélection rigoureuse des articles, les résultats montrent une amélioration significative de la qualité de vie, avec amélioration significative des symptômes subjectifs de xérostomie à partir de 2 semaines de traitement et se poursuivant jusqu’à (au moins) 18 mois, et une diminution significative de l’impression de salive visqueuse ; sans qu’il y ait pour autant de réel impact sur la salivation en elle-même (en terme de quantité).
Commentaire :
Devant le manque d’efficacité des thérapies conventionnelles, et malgré le peu d’études retenues pour cette revue de littérature (7 articles seulement sur les 293 référencés grâce aux mots clés) l’oxygénothérapie hyperbare semble néanmoins être un traitement efficace dans l’amélioration des symptômes subjectifs liés à la sécheresse buccale radio-induite. Se pose néanmoins le problème de l’accessibilité de cette technique au plus grand nombre. En effet, en France métropolitaine, il n’existe que 15 centres disposant de cette technologie…
Qui veut le plus… peut le moins !
Comparaison between closure and absence of closure after removal of fully impacted mandibular third molar: a prospective randomized study.
Ricard AS, Nau O, Veyret A, Majoufre-Lefèbvre C, Laurentjoye M. Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale. 2015;116(1):12-7.
Résumé :
Cette étude prospective randomisée avait pour but de comparer l’œdème périmandibulaire, les douleurs et l’amplitude d’ouverture buccale péri-opératoires (à J0, J2 et J7) suite à l’avulsion de dents de sagesse mandibulaires incluses, avec pour un premier groupe fermeture du lambeau mucopériosté et pour le second absence de sutures de ce même lambeau. Il est intéressant de noter une amélioration significative de l’ensemble des suites post-opératoires… pour le groupe n’ayant pas été suturé ! Il est ainsi noté un œdème très significativement diminué, et dans une moindre mesure moins de douleurs et une meilleure amplitude de l’ouverture buccale, sans qu’il y ait eu de complications notables hormis la présence plus importante de tassements alimentaires intra alvéolaires.
Commentaire :
Nous aurait-on donc induit en erreur durant toutes nos années d’étude concernant la cicatrisation et la nécessité de suturer ? C’est la question que je me suis posé et que je me pose encore, dans ce domaine et dans bien d’autres ! Cette étude, malgré ses possibles biais méthodologiques, sa faible puissance statistique et son suivi sur seulement 7 jours, est en fin de compte le reflet des dogmes que nous mettons chaque jour en œuvre sans que ceux-ci aient été réellement validés et/ou remis en cause. Il était inconcevable pour moi de ne pas suturer un lambeau, tout comme il y a encore quelques années, il était inconcevable de réaliser une coronectomie ou de ne pas prescrire d’antibiotiques en post opératoire… les choses changent… bien souvent vers la simplification des procédures.