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Revue de littérature - Mars 2017

Revue de la littérature SFCO Mars 2017 – Dr. Fortin

Effectiveness of Implant Therapy Analyzed in a Swedish Population: Prevalence of Peri-implantitis

J. Derks, D. Schaller, J. Håkansson, J.L. Wennström, C. Tomasi, and T. Berglundh. Journal of Dental Research 2016, Vol. 95(1) 43–49.

Résumé :

La péri-implantite est une maladie inflammatoire qui affecte à la fois les tissus durs et mous autour de l’implant. L’augmentation du nombre de patients traités avec des prothèses implanto-portées fait considérer la péri-implantite comme un problème croissant et majeur en dentisterie. L’objet de cette étude est l’analyse de la prévalence de cette pathologie dans la population suédoise traitée. Pour cela 4716 patients traités en 2003 et  regroupés en deux tranches d’âge (45 à 54 ans et 65 à 74 ans en 2003) ont été sélectionnés au hasard à partir du registre national de l’agence d’assurance sociale suédoise. Parmi les 2765  patients ayant donnés leur consentement pour participer à cette étude, 900 ont été tirés au sort et invités à une consultation de maintenance gratuite dans une clinique suédoise de leur choix. Un total de 596 patients se sont rendus à cette consultation 9 ans après la mise en place des implants pour un examen clinique et radiologique. La prévalence des péri-implantites a été calculée et les facteurs de risques analysés. Si l’on définit la péri-implantite comme un saignement au sondage ou une suppuration et une perte osseuse supérieure à 0.5mm, alors 45 % des patients sont concernés. Une péri-implantite modérée à sévère (perte osseuse supérieure à 2 mm) est diagnostiquée pour 14.5% des patients avec une perte osseuse moyenne équivalente à 30% de la hauteur osseuse initiale. C’est chez les patients qui ont une parodontopathie et plus de 4 implants, ou chez ceux traités avec certaines marques d’implants et des restaurations prothétiques réalisées par des praticiens non spécialistes que l’on observe le pourcentage le plus élevé. Aucun facteur explicatif n’est mis en évidence dans cette étude en particulier pour les prothèses réalisées par des praticiens généralistes. Des facteurs implants–dépendants sont mis en évidence tels les implants mandibulaire et lorsque la limite prothétique est à moins de 1.5 mm de la crête alvéolaire à sa mise en place. Les auteurs de cette étude considèrent que la péri-implantite est un phénomène commun.

Commentaires :

Il faut rapprocher cette étude de celle de Roos-Jansaker et al. (2006) qui ont analysé les radiographies de 216 patients avec un suivi de 9 à 14 ans. Ils rapportent que 16% des patients  présentent au moins un implant avec une perte osseuse supérieur à 1,8 mm. Le fait que les risques de péri-implantites augmentent chez les patients ayant reçu plus de 4 implants est corroboré par plusieurs études (Roos-Jansåker, Renvert, et al. 2006; Koldsland et al. 2011; Roccuzzo et al. 2012; Renvert et al. 2014).  Ces résultats interpellent quant à la pérennité de nos traitements et doivent faire réfléchir sur la nécessaire mis en œuvre d’une maintenance régulière et professionnelle mais également du discours à tenir à nos patients. S’il est normal d’associer la prothèse de hanche à une certaine durée de vie, classiquement 15 ans, ne devrait-on pas prévenir nos patients sur la probable reprise de nos traitements au bout d’un certain temps. Ne devrait-on pas reconsidérer les traitements des dents parodontalement ou endodontiquement atteintes à l’aune des nouvelles approches thérapeutiques ?


Crestal bone changes in macrogeometrically similar implants with the implant–abutment connection at the crestal bone level or 2.5 mm above: a prospective randomized clinical trial.

van Eekeren P, Tahmaseb A, Wismeijer D. Clin. Oral Impl. Res. 27, 2016, 1479–1484.

Résumé :

Le critère de succès à long terme pour un implant repose sur le maintien des tissus durs et des tissus mous. Ainsi la compréhension des facteurs aboutissant au remodelage osseux, précoce et tardif est essentielle. Parmi les facteurs contributifs du remodelage sont évoqués la formation d’un espace biologique, l’agression chirurgicale, la jonction pilier-implant, le design de l’implant ou encore la contrainte occlusale. La position de la jonction pilier-implant par rapport à la crête osseuse participe à la formation de l’espace biologique.  L’objet de cette étude est d’évaluer le remodelage osseux lors de la première année après la mise en fonction autour d’implants de géométrie identique avec une connection prothétique juxta-crestale et 2.5 mm au-dessus de la crête. Cette étude porte sur le traitement d’édentement prémolo-molaire de 3 dents sur 2 implants. Le tirage au sort porte sur le choix de la position, mésiale ou distale, de l’implant juxta-crestal. La mise en charge se fait après 3 semaines de cicatrisation. 33 patients ont été inclus dans cette étude pour la mise en place de 2 fois 39 implants. La lecture des radiographies de contrôle est effectuée par deux examinateurs indépendamment. Elle met en évidence un remodelage osseux significativement différent entre l’enfouissement juxta crestal et 2.5 mm au-dessus de la crête, respectivement 0.4 ±0.4 mm et 0.2±0.5mm (p˂0.05).

Commentaires :

Des études similaires ont déjà été réalisées mais l’intérêt de cette étude est de ne placer que des implants de géométrique identique, excluant ainsi la forme de l’implant comme facteur influençant le remodelage. Pour autant il serait hâtif de conclure à la systématisation de la connextion supra-osseuse. Beaucoup d’autres facteurs interviennent comme par exemple les indications esthétiques qui poussent à enfouir les implants.