SFCO

Revue de littérature - Juin 2016

Revue de littérature SFCO par le Pr V Descroix

Effet de l’art sur les patients bénéficiant d’une chirurgie : revue systématique et méta-analyse

Vetter D, Barth J, Uyulmaz S, Uyulmaz S, Vonlanthen R, Belli G, Montorsi M, Bismuth H, Witt CM, Clavien PA. Effects of Art on Surgical Patients: A Systematic Review and Meta-analysis. Ann Surg. 2015; 262(5):704-13.

Résumé

Les interventions chirurgicales et leurs conséquences ne peuvent se résumer à la simple plaie physique. La perte de contrôle, la période d’attente avant la chirurgie, la douleur post-opératoire, la récupération progressive ou encore les cognitions à propos d’une invalidité temporaire ou définitive sont autant de stresseurs psychologiques. Tout ce qui permet de réduire les conséquences d’une mauvaise adaptation au stress permet d’améliorer la morbidité et la mortalité per et post-opératoires. Parmi, les facteurs de réduction de stress, l’environnement de guérison est un point qui est de plus en plus étudié. Bien que le terme «environnement de guérison» soit souvent utilisé, il n’a pas été défini de manière uniforme. Il suggère que l’environnement physique de l’établissement de soins peut améliorer le processus de guérison et le sentiment de bien-être des patients. L’art doit faire partie d’un environnement de guérison. Les auteurs de cette méta-analyse ont pu retrouver 48 études se rapportant à l’influence de l’art sur la guérison post-chirurgicale dont 47 se rapportaient à la musique.

Commentaire

Les résultats mettent en évidence un effet de la musique sur les critères : douleur post-opératoire, anxiété, pression artérielle systolique et fréquence cardiaque. Les effets de la musique étaient plus importants lorsqu’elle est sélectionnée par les patients et plus faible dans les interventions chirurgicales effectuées sous anesthésie générale. Les caractéristiques du design intérieur comme la présence d’images de nature et des chambres spacieuses, ou des caractéristiques architecturales fournissant plus de lumière solaire ont eu des effets positifs sur l’anxiété et la douleur postopératoire.

Il est aujourd’hui impossible d’ignorer l’influence essentielle de l’environnement opératoire sur le bien être des patients et leur récupération post-opératoire.


Notre cerveau détecte plus rapidement la douleur de l’autre que son genre…

Czekala C, Mauguière F, Mazza S, Jackson PL, Frot M. My Brain Reads Pain in Your Face, Before Knowing Your Gender. J Pain. 2015; 16 (12):1342-52.

Résumé

L’intensité comme la souffrance de la douleur ressentie par nos patients peuvent se mesurer, le plus souvent avec des échelles d’auto-évaluation. D’autres composantes de la douleur sont également observables. L’une des plus importantes est la composante comportementale dont l’un des marqueurs le plus fiable et spécifique est l’expression faciale. Cette dernière permet d’évaluer à la fois la composante sensorielle et émotionnelle désagréable de la douleur. Elle possède deux grandes finalités, permettre de transmettre un signal d’avertissement de menace et également de générer chez l’autre un comportement altruiste d’aide et de compassion.

Commentaire

Les humains sont des experts pour reconnaître la signification des traits du visage qu’elles soient variables (émotions) ou immuable (genre). En raison de sa grande valeur communicative, la douleur peut être détectée plus rapidement sur les visages que les caractéristiques immuables. Sur la base de cette hypothèse, les auteurs de cette étude française ont cherché à détecter un temps de présentation qui permet la discrimination subliminale de l’expression faciale de la douleur sans permettre la discrimination entre les sexes. Chez 80 personnes, ils ont comparé le temps nécessaire (50, 100, 150, ou 200 millisecondes) pour distinguer les visages statiques de douleur, de colère et neutres avec le temps nécessaire pour distinguer le genre (homme versus femme). Les résultats ont montré que, à 100 millisecondes, 75% des participants discriminent la douleur alors que seulement 20% des participants ont réussi à discriminer le genre. De plus, cette discrimination de la douleur semble être subliminale. Cela confirme la théorie de l’évolution relative à la nécessité de lire rapidement les émotions aversives pour assurer la survie, mais pourrait également être à la base des comportements altruistes tels que l’aide et la compassion.

Nous n’avons plus aucune excuse de ne pas avoir vu (rapidement) que nos patients avaient mal…