SFCO

Revue de littérature - Janvier 2017

Revue de la littérature SFCO Janvier 2017 – Pr. Descroix

Intérêt comparé de la pleine conscience et des TCC dans la prise en charge de douleur chronique.

Turner JA, Anderson ML, Balderson BH, Cook AJ, Sherman KJ, Cherkin DC. Mindfulness-based stress reduction and cognitive behavioral therapy for chronic low back pain: similar effects on mindfulness, catastrophizing, self-efficacy, and acceptance in a randomized controlled trial. Pain. 2016; 157(11):2434-44.

Résumé :

Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) ont démontré leur efficacité et sont recommandées dans la prise en charge de la douleur chronique. Les interventions de réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR) commencent à être évaluées et sont utilisées par les patients souffrant de douleurs chroniques. Comprendre les mécanismes d’action des traitements psychosociaux dans le traitement de la douleur chronique et les potentiels points communs de ces différentes thérapies est essentiel pour améliorer l’efficacité de ces traitements. Les principaux mécanismes d’action de la TCC pour la douleur chronique incluent une diminution du catastrophisme et une augmentation du sentiment d’auto-efficacité. La prise de conscience accrue est considérée comme un mécanisme central de changement dans la MBSR qui augmentent également l’acceptation de la douleur. Cependant, peu de choses sont connues sur les liens entre le catastrophisme, l’auto-efficacité, l’acceptation et l’attention avant le traitement psychosocial ni sur les différences d’efficacité des TCC par rapport aux MBSR sur ces différentes variables. Cette étude randomisée a comparée deux  groupes de patients traités soit par TCC, MBSR à un groupe contrôle soit 342 patients âgés de 20 à 70 ans atteints de lombalgie chronique. Les auteurs ont examinés (1) les relations de base entre les mesures de catastrophisme, d’auto-efficacité, d’acceptation et de pleine conscience et (2) les changements sur ces mesures dans les 3 groupes après traitement. Avant traitement, le catastrophisme était associé négativement à l’auto-efficacité, à l’acceptation et à 3 aspects de la pleine conscience (non-réactivité, non jugement et action avec conscience). L’acceptation était associée positivement à l’auto-efficacité et à l’attention. Le catastrophisme a diminué un peu plus dans le groupe MBSR que dans les groupes TCC ou contrôle. Les deux traitements étaient plus efficaces sur la diminution du catastrophisme par rapport au contrôle à 52 semaines. Finalement les différences entre les patients du groupe MBSR ou TCC qui ont suivi au moins 6 des 8 séance étaient peu nombreuses. En conclusion les auteurs n’ont pas pu mettre en évidence de différences entre TCC et MBSR concernant les critères évalués de catastrophisme, auto-efficacité, acceptation et pleine conscience entre les traitements par TCC et MBSR.


Comment choisissions nous nos activités quotidiennes ?

Taquet M, Quoidbach J, de Montjoye YA, Desseilles M, Gross JJ. Hedonism and the choice of everyday activities. Proc Natl Acad Sci U S A. 2016; 113(35):9769-73.

Résumé :

Que ferez-vous dans une heure? Travailler? Faire la lessive? Prendre une bière avec un ami ? Derrière ces questions qui semblent simples se trouve l’une des décisions les plus importantes auxquelles nous faisons face dans nos vies, à savoir, comment passer notre temps. En moyenne, les humains vivent environ 600 000 heures, et si nous décidons de consacrer plus ou moins de ces heures à travailler, dormir, nous socialiser ou regarder la télévision, cela a des conséquences cruciales pour notre santé mentale et physique.

Il existe de nombreux facteurs qui influencent nos activités quotidiennes – des considérations financières aux normes sociales et aux contraintes politiques – pourtant la plupart des théories de la motivation ont mis en évidence le rôle essentiel joué par les émotions négatives et positives. En particulier, il semble que le comportement humain est guidé par le principe hédonique, selon lequel nos choix d’activités visent à minimiser les affects négatifs et à maximiser les affects positifs. Il reste à savoir comment concilier le principe hédonique avec le fait que les gens s’engagent habituellement dans des activités désagréables pourtant nécessaires. Pour résoudre ce problème, l’équipe de James GROSS du laboratoire de psychologie de Stanford a suivi en temps réel les activités et les humeurs de plus de 28 000 personnes sur une moyenne de 27 jours en utilisant une application de smartphone. Cette équipe a constaté que les choix d’activités des gens suivaient un principe de souplesse hédonique. Plus précisément, les gens étaient plus enclins à s’engager dans des activités d’amélioration de l’humeur (faire du sport par exemple) lorsqu’ils se sentaient tristes et à s’engager dans des activités utiles mais affectant l’humeur (le ménage par exemple) lorsqu’ils se sentaient bien. Ces résultats clarifient comment les considérations hédoniques façonnent le comportement humain. Finalement les résultats de cette étude publiée dans une revue de renom (PNAS) clarifient la manière dont les émotions façonnent le comportement et peuvent expliquer pourquoi les humains échangent le bonheur à court terme pour le bien-être à long terme. Surmonter ces compromis pourrait être crucial pour notre bien-être personnel et notre survie en tant qu’espèce.