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Revue de littérature - Janvier 2016

Revue de Littérature MBCB Janvier 2016 – Dr Boisramé

Cardiovascular drugs-induced oral toxicities: A murky area to be revisited and illuminated.

Balakumar P, Kavitha M, Nanditha S. Pharmacol Res. 2015 Dec; 102:81-9.

Cette récente revue de littérature, effectuée par des odontologistes et des pharmaciens a pour buts de rappeler les effets indésirables et l’impact des médicaments à visée cardiovasculaire sur la cavité orale. Selon l’OMS, les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. On estime à 17,5 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 31% de la mortalité mondiale totale avec une imputabilité en France de 147 000 décès chaque année. Les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires ou exposées à un risque élevé de maladies cardiovasculaires (du fait de la présence d’un ou plusieurs facteurs de risque comme l’hypertension, le diabète, l’hyperlipidémie ou une maladie déjà installée) nécessitent une détection précoce pour une meilleure prise en charge.

Si la physiopathologie cardiovasculaire et la pharmacocinétique de ces médicaments est connue, les effets indésirables de ces traitements le sont moins et encore moins concernant la toxicité orale. La symptomatologie la plus fréquemment rapportée étant la xérostomie avec plus de 14%. Ces médicaments entrainent d’autres effets toxiques comme des réactions lichénoïdes, pemphigus, aphtes, dysgueusie, accroissement gingival, chéilite, glossite, une stomatodynie, etc…

Cet article didactique reprend les différentes classes médicamenteuses en fonction des maladies cardiovasculaires et des cibles recherchées (récepteurs, canaux, enzymes,etc..) puis les effets indésirables au niveau de la cavité orale sont mis en lien avec ces différents médicaments. Ainsi,, pour exemples pour la sécheresse buccale, les différents médicaments incriminés sont de la famille des anti-hypertenseurs de classe des dérivés alphasympathomimétiques (clonidine), antihypertenseurs d’action centrale (guanfacine, metyldopa), des alpha bloquants (terazosine), des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (captopril, enlapril, lisinopril), des diurétiques (furosémide), des antagonistes du calcium (nifedipine, verapamil, diltiazem). Les lésions lichénoides sont quant à elles retrouvées chez les personnes prenant essentiellement des antihypertenseurs de la classe des alpha et beta bloquants (labetatol), ou des antihypertenseurs d’action centrale (metyldopa). Les ulcérations sont retrouvées avec la prise d’antiangoreux (activateur canaux potassique : nicorandil) ou d’antihypertenseurs (labatatol, captopril), ou des inhibiteurs de l’angiotensine (losartan, candesartan ou irbesartan).

La santé buccodentaire a un impact sur la santé en général. Cet article met en lumière et de façon très pédagogique et synthétique l’impact des des effets indésirables des médicaments sur la cavité orale qui n’est pas suffisamment déclarée, entraînant pourtant une gêne importante dans la qualité de vie des patients.


An Unusual Cause of Bleeding on the Floor of Mouth: Leech Infestation.

Kantekin Y1, Sarı K, Özkırış M, Kapusuz Gencer Z. Turkiye Parazitol Derg. 2015 Dec;39(4):323-5.

La sangsue est un ver annelé d’eau douce, hermaphrodite. Elle est issue du phylum des annélides et rentre dans la sous-classe des hirudinés qui regroupe 650 espèces. Elle habite les eaux douces des marais, des étangs, des fossés, des petits cours d’eau, mais aussi parfois les eaux fraîches de sources. Une d’entre elles connue sous le nom de sangsue grise (ou sangsue médicinale), Hirudo medicinalis, est utilisée en médecine car elle empêche dans le tissu réimplanté une augmentation subite de sang avant même la mise en place d’un retour veineux fonctionnel et efficace. La salive de cette sangsue contient en outre un anesthésique local et un anticoagulant puissant : l’hirudine agissant sur la thrombine qui évite la formation de caillots sanguins au site de morsure.

Parfois, elle peut se retrouver accidentellement dans les voies aérodigestives supérieures après consommation d’eaux de source ou de puits naturels ou après des baignades en eaux stagnantes (lacs, barrages) et l’infestation est indolore.

Le cas rapporté est celui d’un jeune homme de 10 ans vivant en zone rurale et nageant dans une rivière, ce qui est sans doute où il était infesté de la sangsue. Il a consulté aux urgences d’un hôpital de ville pour une tuméfaction du plancher buccal associé à un écoulement sanguin. L’examen de la cavité buccale a révélé un corps étranger de 2 x 3 cm. La numération formule sanguine et un test de coagulation étaient normaux. Sous anesthésie locale, une incision chirurgicale a été faite, et le corps étranger brun foncé identifié comme une sangsue a été retiré du plancher buccal.

Les sangsues sont équipées d’une grande et une petite ventouse. La bouche est située sur la petite ventouse et a trois mors aux dents acérées qui font une incision en forme de Y. Elles peuvent ingérer environ 10 fois leur propre poids en quantité sanguine. Elles peuvent parfois provoquer une anémie grave pouvant nécessiter une transfusion sanguine.

En conclusion, cet article anecdotique permet de mettre en lumière les possibles infestations par ces organismes parasites qui malgré leurs effets recherchés en chirurgie réparatrice. Peuvent aussi être délétères (anémie, hémorragie) en cas d’infestation accidentelle. Face un patient consultant pour dysphagie, dyspnée, hémoptysie, hématémèse, saignement et habitant une zone rurale, il est important de garder à l’esprit cette possibilité diagnostique.