Revue de littérature SFCO Février 2019. Dr Sarah Cousty
Stem-cell therapy and platelet-rich plasma in regenerative medicines: A review on pros and cons of the technologies
J Oral Maxillofac Pathol. 2018 Sep-Dec; 22(3): 367–374. Shwetha Hulimavu Ramaswamy Reddy, Roopa Reddy, N Chaitanya Babu, G N Ashok.
Résumé:
Cet article propose une revue généraliste concernant deux axes de la médecine régénérative. Cette « nouvelle » médecine englobe une branche émergente des sciences médicales : la restauration fonctionnelle de tissus ou d’organes lésés de manière accidentelle ou au cours de pathologies chroniques. L’article fait un point intéressant en présentant les indications et applications cliniques, avantages et inconvénients de deux technologies :
– les thérapies à base de « plasma riche en plaquettes » (PRP),
– l’utilisation de cellules souches (SC) à visée thérapeutique.
Le PRP obtenu par centrifugation à partir du sang du patient contient des concentrations importantes de plaquettes, des facteurs de croissance plaquettaires et du fibrinogène. Les plaquettes peuvent être considérées comme des éléments clés, en première ligne dans la cicatrisation notamment via la libération de facteurs de croissance.
Les cellules souches, cellules immatures non différenciées, laissent envisager la possibilité de les stimuler spécifiquement afin d’induire leur différenciation et multiplication, et de permettre ainsi le remplacement de tissus lésés.
Commentaires :
PRP et SC présentent des indications communes. Leurs modes d’action sont cependant différents, leurs modes d’utilisation également. Si le PRP est de préparation et d’utilisation simple et rapide, l’utilisation de cellules souches à des fins thérapeutiques, dans notre spécialité, reste encore à codifier, et nécessite des techniques de laboratoire poussées et plusieurs jours de préparation.
La littérature internationale rapporte de nombreux cas cliniques d’utilisation de PRP, en particulier dans des indications de chirurgie des tissus mous. Cependant, peu d’essais cliniques existent et les méthodes de préparation du PRP peuvent varier d’une équipe à l’autre.
Les traitements à base de SC ont montré des résultats cliniques très prometteurs. Les recherches se tournent notamment vers l’amélioration des techniques de transplantation et donc l’amélioration de l’intégration fonctionnelle, de la prolifération, de la différenciation, de la migration et de la survie à long terme des cellules greffées.
L’avenir est certainement dans l’utilisation combinée de ces deux techniques : le PRP peut offrir un microenvironnement local favorable à la prolifération et différenciation des cellules souches. En chirurgie orthopédique ou rhumatologie, certaines équipes utilisent déjà cette association.
Curcumin, a turmeric extract, for oral lichen planus: A systematic review.
White CM1,2, Chamberlin K1,3, Eisenberg E4,5. Oral Dis. 2019 Jan 7. Doi: 10.1111/odi.13034.
Résumé :
Qui n’a pas entendu parler des vertus thérapeutiques du “Curcuma” ?… Il est vrai que la méfiance reste le premier sentiment de bons nombres d’entre nous. Les patients eux-mêmes proposent le recours à ce genre de traitement pour le moins « alternatif ». Quelles sont les données objectives sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour proposer ou exclure cette thérapeutique ?
L’article cité ici, réalise une revue sérieuse, systématique, des articles recensés dans Medline, et concernant l’utilisation du Curcuma dans le traitement du lichen plan buccal (LPB).
L’engouement, récent en Europe, pour son utilisation dans le LPB, vient certainement du caractère chronique du LBP, des complications possibles de la corticothérapie locale au long cours, et au contraire, de la « non toxicité » supposée du curcuma.
Les auteurs ont réalisé une revue systématique dans la banque Medline, avec les mots clés suivants : “turmeric” OR “curcumin” OR “curcuma” AND “oral lichen planus”, de 1997 jusqu’en décembre 2018. Ils ont relevé plusieurs paramètres tels que le type d’étude, le nombre de sujets pour chaque étude, la substance à laquelle était comparé le curcuma, le pays d’origine de l’étude.
Sept essais et une étude observationnelle ont été analysés. L’application de curcuma (pâte, gel, huile, …) a été comparée à l’application de corticostéroïdes en topiques. D’autres études proposent d’évaluer l’action du curcuma ingéré versus placebo. Certaines études ont été menées en double aveugle, avec randomisation, avec des effectifs de patients variant de 20 à 33.
Les résultats sont contradictoires. L’efficacité du curcuma n’est donc pas démontrée.
Commentaires :
Il n’est pas possible de nier le fait que des revues internationales, avec comité de lecture, publient ce genre d’étude. Cet article a au moins le mérite de présenter objectivement les études publiées sur l’efficacité du curcuma dans le traitement du LPB. Plusieurs critiques peuvent être apportées : aucune documentation histologique sur le diagnostic des cas de LPB inclus dans les études, grande variabilité des formes cliniques et des critères de jugement retenus, hétérogénéité des protocoles d’administration du curcuma (préparations, concentrations,…). En l’état actuel des connaissances, il n’est donc pas possible de proposer ce genre de thérapeutique à nos patients.