SFCO

Revue de littérature - Février 2016

Revue de littérature SFCO par le Dr C.MAUPRIVEZ

Résorption alvéolaire : les statines, un effet préventif bénéfique ?

deMonès E, Schlaubitz S, Catros S, Fricain JC. Statins and alveolar bone resorption : a narrative review of preclinical and clinical studies. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol 2015; 119: 65-73.

Résumé :

Les statines inhibent la HMG-CoA réductase, enzyme clé de la synthèse endogène du cholestérol. Cette inhibition augmente la captation hépatocytaire des lipoprotéines athérogènes de basse densité (LDL) et confère aux statines leur propriété hypolipidémiante. En plus de cet effet sur le métabolisme lipidique, les statines se caractérisent par des mécanismes d’action moléculaires très variés, qui sont à l’origine de propriétés diverses et qui pourraient justifier leur utilisation au cours de pathologies articulaires et osseuses.

Les auteurs de cette méta-analyse, se sont intéressés à l’effet des statines sur le remodelage de l’os alvéolaire. Chez l’animal, 11 études (chez le rat et le lapin)ont montré que les statines réduisaient de façon significative la résorption de l’os alvéolaire induite par la maladie parodontaleexpérimentale et ce de façon dose dépendanteavec une valeur seuil définit à 3 mg/kg/jour.

Chez l’homme, sept études observationnelles étudiant les effets des statines sur la maladie parodontale. Six études ont montré un effet bénéfique mais une, menés sur des effectifs importants n’a pas pu mettre en évidence une diminution significative de la perte osseuse chez des patients atteints de parodontite.

Du fait d’une très faible biodisponibilité des statines (<5% près administration per os) conséquence d’un effet de 1er passage hépatique important, leur application topique permettrait d’augmenter fortement leur concentrations osseuses et leur effet anabolique sur le tissu osseux. L’os alvéolaire étant facilement accessible durant les extractions dentaires, l’application topique de statines à l’aide de scaffold (PGLA, éponge de gélatine, hydrogel, méthylcellulose) a permis de réduire la résorption post-extractionnelle dans 3 études animales.

Commentaires :

Ces données très intéressantes in vitro et in vivo chez l’animal ont fait considérer la possibilité que les statines, médicaments largement prescrits, soient de possibles agents anaboliques osseux. Plusieurs étudesobservationnelles ont pu confirmer en partie les résultats obtenus in vivo chez l’animal sur le métabolisme osseux de l’os alvéolaire. Cependant, le niveau de preuve de leur efficacité en pratique clinique est faible. Il faudra donc attendre les résultats d’autres essais cliniques pour inclure ou non les statines dans notre arsenal thérapeutique.


La maladie de Kaposi, une inégalité entre les pays riches et les pays pauvres.

De La Ferla L, Pinzone MR, Nunnari G, Martellotta F, Lesshi A, Tirelli U, De Paoli P, Berretta M, Capoppardo B. Kaposi’ssarcoma in HIV-positive patients : the state of art in the HAART-era. EuropeanReview for Medical and Pharmacological Sciences. 2013 ; 17 : 2354-2365.

Résumé :

La maladie de Kaposi, également connue sous le nom de sarcome de Kaposi (SK) est une tumeur liée à l’infection par l’herpèsvirus-humain-type 8 (HHV8). Cette maladie tient son nom du dermatologue hongrois Moritz Kaposi, qui l’a décrit pour la première fois en 1872. Le SK fut décrit à la fin du XIXème siècle comme une maladie chronique très rare provoquant des tumeurs cutanées, surtout aux extrémités, chez des personnes âgées, en majorité des hommes, dans le pourtour du bassin méditerranéen (forme classique). Vers 1950, une deuxième forme clinique fut diagnostiquée en Afrique de l’Est où le SKapparaît comme une forme endémique de cancer survenant chez l’enfant et l’adulte jeune. La maladie est plus sévère, parfois disséminée, touchant les ganglions et les viscères. Une troisième forme du SK fut ensuite décrite chez des patients greffés, en particulier du rein,traités par des immunosuppresseurs (forme du transplanté). A partir de 1981, une forme épidémique de SK apparait chez les homosexuels masculins dans le cadre de l’infection VIH aux Etats-Unis et en Europe (forme associée au VIH). Il s’agit d’une forme le plus souvent disséminée avec des lésions multifocales avec atteinte cutanée, digestive et viscérale. Le risque cumulé sur 10 ans de développer un SK en cas de co-infection par HHV8 et VIH et en l’absence de traitement est de 30 à 50%. Au niveau de la cavité orale, la lésion élémentaire initiale du SK s’apparente à une plaque d’aspect angiodysplasiqueévoluant progressivement vers une lésion nodulaire puis tumorale. Les localisations au niveau du palais dur, de la gencive attachée vestibulaire maxillaire et la face interne de la joue sont les plus fréquentes. La distribution géographique mondiale de l’HHV8 est non ubiquitaire. La séroprévalence globale du HHV8, varie de moins de 5% dans la plupart des pays occidentaux (dont la France) et en Asie du Sud-Est, entre 20 et 30% dans les pays du bassin méditerranéen (micro-foyers endémique en Sicile et en Grèce) à plus de 50 % en Afrique de l’Est et Centrale. Les principales voies de transmission du HHV8 sont la salive et les rapports sexuels non protégés.

Les objectifs de cet article étaient de : 1) décrire les aspects épidémiologiques du SK chez les patients infectés par le VIH depuis l’introduction des thérapeutiques anti-VIH efficaces (HAART pour Highly Active AntiretroviralTherapy), 2) faire une mise au point sur la pathogénie et les traitements actuels de cette maladie.

Commentaires :

L’infection par le VIH a provoqué une explosion du nombre de cas de SK dans les pays occidentaux au début de l’épidémie de SIDA. L’arrivée des multi-thérapies antirétrovirales a considérablement diminué  la prévalence de la forme associée au VIH du SK ainsi que son agressivité chez les patients VIH+, aux Etats-Unis et en Europe même dans les zones de fortes endémies du HHV8 (Sicile et Italie). En revanche, en Afrique subsaharienne, où l’accès à ce type de traitement reste difficile, où la séroprévalence du HHV8 et celle du VIH sont élevées, le SK demeure un problème de santé publique majeur. Il touche toute la population (hommes, femmes et enfants) avec une fréquence élevée (entre 20 à 50% de tous les cancers diagnostiqués selon les pays) et un pronostic péjoratif  (espérance de vie de moins de 6 mois en l’absence de traitement).