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Revue de littérature - Décembre 2018

Revue de littérature SFCO Décembre 2018. Dr Thomas Fortin


Froum, Sang-Choon Cho, Takanori Suzuki, Paul Yu, Patricia Corby, Ismael Khouly. Epicrestal and subcrestal placement of platform-switched implants : 18 month-result of a randomized, controlled, split-mouth, prospective clinical trial. Stuart J. ClinOral Impl Res. 2018; 29: 353-366.

Résumé :

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’influence du positionnement du col implantaire par rapport à la crête sur le remodelage osseux péri-implantaire. Le type d’implants choisi est un implant switching platform avec cône morse. C’est une étude prospective, randomisée, avec un suivi de 18 mois. Sur un même patient, 2 implants sont posés, les 2 au maxillaire ou à la mandibule. Sur un secteur, un implant est positionné en juxta-crestal et sur l’autre secteur un implant est positionné en sous-crestal avec un enfoncement du col de 1.5 à 2.0 mm. Les résultats sont analysés sur 86 implants (43 patients). La mise en charge se fait à 4 mois, provisoirement pendant deux mois puis de manière définitive. Le remodelage osseux est défini comme la variation de la distance « hauteur de crête – premier contact osseux à la surface de l’implant ». Il est radiologiquement mesuré à 6, 12 et 18 mois après la mise en place chirurgicale. Est également mesurée la variation de positionnement des tissus mous, collets et papilles après la mise en charge, à 6 et 12 mois.

A 18 mois tous les implants sont encore en place sans complication clinique rapportée. Les résultats de cette étude sont somme toute assez classiques. Il existe un remodelage osseux essentiellement pendant la période de cicatrisation puis tout se passe, un an après la mise en charge, comme si radiologiquement l’os reprenait sa position de départ. La variation est plus importante pour les implants positionné à 1,5 – 2mm (-0,4 +/- 0,7 mm) sous le niveau de la crête que pour les implants épi-crestaux (-0,13 + /- 0,8 mm). Pour autant ces différences restent non significatives. Comme on peut s’y attendre il y a plus d’os en coronaire de la jonction implant-pilier avec les implants sous-crestaux et seul le groupe des implants épi-crestaux ont des pertes osseux sous la jonction implant-pilier (10,5%). Ces résultats sont tout à fait semblables à ceux de la littérature déjà existante sur le sujet. Le même constat est fait pour l’impact sur les tissus mous. Même si cette étude ne permet pas de décider si un positionnement est préférable à un autre, il faut garder à l’esprit que placer un implant sous-crestal diminue le risque d’exposition de l’implant, limite les indications de greffes osseuses et permet une meilleur gestion des espaces occlusaux réduit.

Un autre résultat, non mis en avant par les auteurs, est fort intéressant. Le diamètre de l’implant a un impact sur le remodelage osseux ; les petits diamètres (3,3 mm) ont des remodelages osseux moindres sous-entendus des pertes osseuses moindres. Ce fait renforce l’idée que le remodelage osseux est proportionnel à l’épaisseur osseuse ; plus l’épaisseur d’os autour de l’implant est importante plus la résorption est faible. C’est tout l’intérêt des implants de faibles diamètres pour autant que les industriels puissent nous garantir leur solidité. Vouloir mettre des implants le plus large possible pour optimiser le profil d’émergence ne semble plus être d’actualité.


Static computer-aided implant surgery (s-CAIS) analysing patient-reported outcome measures (PROMs), economics and surgical complications: A systematic review. Tim Joda, Wiebe Derksen, Julia Gabriela Wittneben, Sebastian Kuehl, Clin Oral Impl Res. 2018;29(Suppl. 16):359–373.

Résumé :

Cet article a pour objectif d’évaluer l’apport clinique des guides chirurgicaux fabriqués par ordinateur en implantologie orale.

Cette évaluation se base sur une recherche systématique dans la littérature. La méthodologie appliquée est la P.I.C.O (population, intervention, élément de comparaison et résultats cliniques). Cette recherche se fait électroniquement dans les bases de données (MEDLINE, EMBASE, CENTRAL) ainsi qu’une recherche manuelle jusqu’au 15 juin 2017. Les critères d’évaluations sont la douleur/l’inconfort, les complications peropératoires et l’aspect économique.

Cette recherche systématique a retenu 112 titres et seuls 14 textes ont finalement été inclus dans cette étude. Ceci représente un total de 484 patients et 2510 implants. L’extrême hétérogénéité des études incluses a empêché la réalisation d’une méta-analyse.

Les résultats de cette revue confirme la précédente sur le sujet (Colombo et al. 2017). Le fait d’inclure plus d’études dans cette revue de littérature ne modifie pas le résultat. Il apparaît clairement qu’il y a un manque d’évaluation des différentes indications identifiées pour cette technique. La seule étude randomisée à fort niveau de preuve (Fortin et al. 2006) concerne les suites opératoires dans la technique flapless avec un avantage évident pour cette dernière. Pour le reste, en particulier les aspects économiques incluant le gain de temps opératoire et le coût financier, la littérature est très frustre. Cette technique pourrait réduire le temps de traitement et permettre une meilleure prédictibilité des résultats cliniques (Laleman et al. 2016). Beaucoup de publications sont des cas cliniques ou des séries de cas cliniques, bien documentées pour la plupart, mais qui ne démontrent pas de manière indiscutable l’avantage de la chirurgie guidée et ne dégagent pas d’indication à la mettre en œuvre en routine clinique. Les auteurs insistent une fois encore sur la nécessité de réaliser des études randomisées dans ce domaine pour définir clairement les indications d’une technique.