Revue de littérature décembre 2017. Dr. Sarah Cousty
Developing biomarkers for predicting clinical relapse in pemphigus patients treated with rituximab
Lauren N. Albers, MD, Yuan Liu, PhD, MS, Na Bo, BS, Robert A. Swerlick, MD, and Ron J. Feldman, MD, PhD – J Am Acad Dermatol
Résumé :
Le pemphigus fait partie des dermatoses bulleuses autoimmunes. Cette maladie est caractérisée par la présence d’autoanticorps dirigés contre les protéines d’ancrage intercellulaires des kératinocytes. Le rituximab est un anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20 présente à la surface des cellules B. Il représente une nouvelle alternative thérapeutique du pemphigus, très prometteuse (environ 75% de résultats positifs).
Dans cet article, les auteurs s’intéressent aux facteurs prédictifs d’une rechute des patients atteints de pemphigus et traités par rituximab. Selon les études, le taux de rechute sous rituximab, varie entre 40 et 80 %. Actuellement, les cures de rituximab sont classiquement espacées de 6 mois, sans réel monitoring biologique. La rechute est définie par l’apparition d’au moins 3 nouvelles lésions par mois, qui ne cicatrisent pas spontanément en 1 semaine, ou bien par l’extension de lésions existantes chez un patient contrôlé par rituximab.
Dans ce contexte, les auteurs ont réalisé une étude rétrospective portant sur 62 patients, représentant un total de 99 cures de rituximab. Différents paramètres ont été relevés, tels que le taux de lymphocytes B CD19+, le taux de lymphocytes T CD4+, le taux d’autoanticorps circulants anti desmogléine 1 et 3.
Après analyse statistique (courbes de survie Kaplan-Meier, modèle de Cox), les auteurs ont présenté les résultats suivants :
- les rechutes sont rares tant que la population de lymphocytes B CD19+ est faible
- dans les formes cliniques cutanéomuqueuses, les rechutes sont corrélées au taux d’anticorps antidesmogléine 1 (>20 UI)
- un taux d’autoanticorps antidesmogléine 3 supérieur à 20 UI est corrélé avec un risque de rechute dans les formes cutanéomuqueuses ou exclusivement muqueuses.
Commentaires :
Il semble donc que la rechute soit associée à une augmentation de la population de lymphocytes B CD19+ ainsi qu’à une diminution du taux circulant de lymphocytes T CD4+. Le dosage des anticorps antidesmogléine 1 et 3 est également un élément intéressant du monitoring et prédictif du risque de rechute. La mesure de ces biomarqueurs à intervalles réguliers pourrait permettre de prédire la rechute des patients et ainsi de justifier une nouvelle cure de rituximab. Le design rétrospectif de l’étude publiée est un facteur limitant sa puissance. D’autres études sont nécessaires pour la rédaction de recommandations.
Identification of factors associated with treatment refractoriness of oral lesions in pemphigus vulgaris
S. Kumar, D. De, S. Handa, R. K. Ratho, S. Bhandari , A. Pal, P. Kamboj, S.Sarkar. British journal of Dermatology 2017 May 12. doi: 10.1111/bjd.15658.
Résumé :
Dans le pemphigus, les lésions buccales résistent fréquemment au traitement entrepris. Les patients peuvent être « blanchis » au niveau cutané et présenter des lésions de la muqueuse buccale. La persistance de ces lésions contribue à une altération importante de la qualité de vie des patients « guéris » ou du moins « contrôlés » sur le plan cutané. D’autre part, ceci implique la poursuite d’un traitement immunosuppresseur, exposant le patient à plus d’effets secondaires. Ces lésions « réfractaires » au traitement sont peu documentées dans la littérature.
Des études ont précédemment recherché le rôle des facteurs démographiques (sexe, âge au moment du diagnostic) ou associés à l’atteinte cutanée (localisation et sévérité des lésions cutanées au moment du diagnostic), sur le pronostic du pemphigus commun (PC). Il semble que la présence de lésions herpétiques buccales soit un facteur de mauvais pronostic dans la maitrise des lésions buccales.
Dans cet article, les auteurs se sont intéressés à des patients atteints de PC (diagnostic clinique, histologique et immunohistochimique) et présentant des lésions buccales, associées ou non à des lésions cutanées. Ils ont réalisé une étude prospective concernant 50 patients adultes.
Après 6 mois de traitement, les lésions buccales réfractaires étaient essentiellement localisées au niveau du trigone rétromolaire et en regard du plan d’occlusion, sur la face interne des joues. Le rôle d’un microtraumatisme chronique est probable. Dans la population étudiée, le taux d’anticorps antidesmogléine 1 et 3 au moment du diagnostic n’était pas corrélé à la présence de lésions buccales « résistantes » au traitement.
Commentaires :
Cette étude présente une méthodologie rigoureuse et donne une place importante aux manifestations buccales du pemphigus commun. Le spécialiste de la cavité buccale qu’est la chirurgien-dentiste peut ainsi être un élément clé de la prise en charge des patients atteints de pemphigus