SFCO

Revue de littérature - Décembre 2014

Pr Vianney Descroix

Douleur du cancer et prise en charge psychologique

Syrjala KL, Jensen MP, Mendoza ME, Yi JC, Fisher HM, Keefe FJ. Psychological and behavioral approaches to cancer pain management. J Clin Oncol. 2014 1; 32(16):1703-11.

Résumé :

Les auteurs de cet article ont analysé l’ensemble des études cliniques qui ont évaluées l’influence de la prise en charge psychologique et comportementale dans la prévention et le traitement de la douleur du cancer. L’efficacité de ces approches a été évaluée à toutes les étapes du cancer : le diagnostic, au cours du traitement, en post-traitement et en phase palliative.

Il est aujourd’hui admis qu’il existe un lien de causalité entre les émotions comme la dépression, l’anxiété, l’incertitude, le désespoir et la douleur. Par ailleurs, la douleur du cancer non soulagée peut augmenter le désir de mourir plus rapidement. Ainsi les patients atteints de cancers pourront appréhender la douleur en utilisant différentes stratégies négatives comme par exemple le catastrophisme qui accentue la douleur ou positive comme l’auto-efficacité qui la diminue. Plusieurs études randomisées et contrôlées de haut niveau de preuve ainsi que différentes méta-analyses ont pu mettre en évidence l’efficacité de différentes thérapeutiques comportementales et cognitives dans la réduction de la  sévérité de la douleur et des pertes de fonctions au cours du cancer.

Les méthodes efficaces comprennent l’éducation thérapeutique, l’hypnose, les approches cognitivo-comportementales et la relaxation avec des images. L’exercice physique a été testé chez des patients atteints de cancer comme chez les survivants à long terme, mais peu d’études ont évalué l’effet des exercices directement sur la douleur. Chez les survivants post-traitement, le yoga et l’hypnose ainsi que l’exercice physique sont des méthodes intéressantes pour contrôler la douleur. Bien que certains de ces traitements réduisent efficacement la douleur pour les patients ayant un cancer de stade avancé, seuls quelques-uns dans un petit nombre d’étude ont été testés chez des patients en fin de la vie. Beaucoup de ces méthodes psychologiques et de thérapie comportementale ont été évalué et semblent efficace pour réduire la douleur dans de nombreux cancers il faut maintenant que l’efficacité de ces méthodes soient plus amplement analysée chez les patients suivis en post-traitement et chez les patients en stade terminal.

Commentaire :

Cet article démontre de façon particulièrement pertinente l’importance d’une prise en charge pluridisciplinaire en cancérologie et la place toute singulière que doivent occuper les prises en charges psychologiques et comportementales tout particulièrement dans la prévention et le traitement des douleurs liées au cancer.

 

Les troubles factices et la « Sinistrose »

Bass C., Halligan P. Factitious disorders and malingering: challenges for clinical assessment and management Lancet 201 383(9926): 1422-32.

Résumé:

Le diagnostic de troubles factices est rare, en comparaison avec d’autres troubles psychiques.

Leur identification dépend en grande partie du recueil systématique d’informations pertinentes, comprenant une chronologie détaillée et un examen minutieux du dossier médical du patient.

La prise en charge de tels troubles nécessite dans l’idéal une approche pluridisciplinaire et une implication forte du médecin traitant. La tromperie étant un élément clé, constitutif des troubles factices, le diagnostic a d’importantes implications pour de jeunes enfants, en particulier quand il est identifié chez leurs mères ou les personnes qui prennent soin d’eux.

La Sinistrose, en pratique clinique, est considérée comme un trouble rare, alors que la simulation de symptômes, motivée par l’appât du gain, se trouve plus courante dans le cadre médico-légal. Des investigations psychométriques peuvent aider à repérer la simulation d’une maladie, pour cela elles doivent utiliser des tests de validité de symptômes qui doivent s’appuyer sur des sources de preuves convergentes, comprenant des entretiens d’évaluation détaillés, des notes médicales, et des investigations non-médicales pertinentes. Un enjeu principal, dans l’observation d’un comportement de recherche pathologique de soins, serait de savoir dans quelle mesure des symptômes rapportés par la personne relèvent de son propre choix, ou d’un mécanisme psychopathologique dépassant le contrôle volontaire, voire des deux. Les compétences cliniques seules ne suffisent pas à détecter ou diagnostiquer la Sinistrose. Les études médicales doivent apporter au praticien une structure, un cadre conceptuel, développemental et de prise en charge pour comprendre et s’occuper de patients dont les symptômes apparaissent comme étant simulés.

Les modèles basés sur l’explicatif et les croyances, utilisés pour donner du sens à la fois aux patients et aux médecins, sont d’une importance fondamentale pour la compréhension des troubles factices et de la sinistrose.

Commentaire :

Toute approche médicale doit tenir compte de ce que les anglo-saxons nomment avec précision « disease, illness, sickness et sick role », dans les troubles factices, cela demeure particulièrement vrai. En effet, disease suppose que la maladie soit objectivée, quantifiée, découverte et traitée ; illness nous dit ce que le patient vit, en tenant compte de ses symptômes, ses interprétations, ses émotions ; sickness signifie la socialisation de la maladie et le sick role la validation du statut de malade avec ses droits et ses devoirs.