SFCO

Revue de littérature - Août 2016

Revue de la littérature SFCO – Août 2016 – Dr L Devoize

Boire du café réduirait le risque de développer un cancer oral

Li YM, Peng J, Li LZ. Coffee consumption associated with reduced risk of oral cancer: a meta-analysis. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol. 2016 Apr;121(4):381-389.e1.

Résumé :

De nombreuses études ont analysé la consommation de café et ses effets sur les cancers. Un certain nombre d’études évaluant l’association entre consommation de café et risque de cancer oral ont donné des résultats contradictoires en raison des différences méthodologiques entre ces études (comme la conception de l’étude, la taille de l’échantillon, etc.). La plupart de ces études ont montré que la consommation de café jouait un rôle protecteur vis à vis des risques de cancer de la cavité buccale, alors que d’autres ont donné des résultats négatifs.

Les résultats de cette méta-analyse indiquent que la consommation de café (lorsqu’elle dépasse une tasse par jour), peut réduire de manière significative le risque de cancer de la cavité buccale, pouvant aller jusqu’à une diminution du risque de 37% pour les consommateurs les plus importants.

Commentaire :

Le café est l’une des boissons les plus fréquemment consommées dans le monde. Il est cultivé dans de nombreux pays tropicaux, le Brésil étant le plus grand producteur mondial. Le café est extrait de graines grillées de plusieurs espèces de plantes de café, principalement Coffea arabica (café Arabica) et Coffea canephora (café Robusta). Divers antioxydants présents dans le café comme les polyphénols et d’autres composés biologiquement actifs, ont des effets protecteurs potentiels contre le développement ou la progression du cancer, plus précisément en réduisant la génotoxicité de plusieurs carcinogènes. Cette méta-analyse confirme donc le rôle protecteur du café contre le cancer de la cavité buccale. Cependant, les résultats de cette méta-analyse doivent être traités avec prudence en raison des biais et facteurs de confusion potentiels, notamment sur les variables confondantes, comme le tabagisme et la consommation d’alcool, qui sont des facteurs de risque environnementaux et sociaux qu’il a été difficile d’évaluer quantitativement dans les différentes études compilées.


A la condition de ne pas le boire trop chaud !

Loomis D, Guyton KZ, Grosse Y1, Lauby-Secretan B, El Ghissassi F, Bouvard V, Benbrahim-Tallaa L, Guha N, Mattock H, Straif K; International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group. Carcinogenicity of drinking coffee, mate, and very hot beverages. Lancet Oncol. 2016

Résumé :

En 1991, le CIRC (Centre International de la Recherche contre le Cancer) avait classé par mesure de précaution la consommation de café comme «potentiel cancérogène pour l’homme», sur la base de « preuves » limitées d’une possible association avec le cancer de la vessie et sur des preuves (très sujettes à caution) de cancérogénicité chez l’animal. Leur dernière analyse, objet de cette publication, montre clairement qu’il n’y a aucune association entre apparition d’un quelconque cancer et la consommation de café, que ce soit en clinique humaine ou en exposition longue sur animaux de laboratoire.

Par contre, leur analyse montre que la consommation de boissons très chaudes (température supérieure à 65°C), comme cela peut l’être traditionnellement pour le maté, le thé ou même le café, semble être corrélée à l’apparition du cancer de l’œsophage.

Commentaire :

Cet avis d’expert est intéressant car il met en évidence une relation (type effet-dose) entre température d’absorption d’un aliment/substance et cancer, et non aliment/substance absorbée et cancer.  Toutes les boissons décrites ont des effets bénéfiques contre le cancer (principalement par un puissant effet antioxydant), lorsqu’ils sont bus à température tiède ou froide ! Ils mettent donc en évidence que la modification de nos habitudes alimentaires passe bien entendu par une sélection des produits préparés mais aussi (et ici surtout) sur leur manière d’être consommée.