SFCO

Revue de littérature - Septembre 2013

Article 1

Dr Cédric MAUPRIVEZ

Retard de cicatrisation après extraction dentaire chez les patients sous bisphosphonates par voie orale.

Le but de cette étude a été d’évaluer si un arrêt préopératoire du traitement par bisphosphonate oral pendant 3 mois permettrait de réduire le risque de survenu d’une ostéonécrose des mâchoires (ONM) ou un retard de cicatrisation après extractions dentaires. 434 dents ont extraites chez 201 patients (18 hommes et 183 femmes). Les patients sont divisés en deux groupes : un groupe avec arrêt de 3 mois du traitement antirésorbeur avant avulsion dentaire (BP-) et un groupe sans arrêt préalable du bisphosphonate (BP+). Résultats : dans le groupe (BP-) sur 242 extractions pratiquées, aucune ONM n’est observée ; mais 2 cas de retard de cicatrisation muqueuse > 8 semaines sont rapportés. La cicatrisation muqueuse a été obtenue au bout de 12 semaines sous antibiothérapie et bain de bouche. Dans le groupe (BP+) sur 172 extractions, 1 cas d’ONM stade 1 est rapporté (fistule muqueuse avec décharge purulente et exposition osseuse persistante 120 semaines après l’extraction). Cette étude observationnelle suggère que l’arrêt du BP oral 3 semaines avant une extraction dentaire réduirait le risque de survenu d’ONM.

Pour en savoir plus : Hasegawa T, Ri S, Umeda M, Komatsubara H, Kobayashi M, Shigeta T, Yoshitomi I, Ikeda H, Shibuya Y, Asahina I, Komori T. The observational study of delayed wound healing after tooth extraction in patients receiving oral biphosphonates therapy. J Cranio-Maxillo-Facial Surgery 2013 (41) :558-63.

Article 2

Dr Cédric MAUPRIVEZ

Le traitement des kératokystes odontogènes et le problème des récidives

Le but de cette étude a été d’évaluer les différentes modalités de traitement de la tumeur odontogènique kératokystique (anciennement dénommé kératokyste, kyste épidermoides) en fonction du taux de récidive locale. Une revue systématique de la littérature de 1999 à 2010 a permis de sélectionner 8 articles parmi les 2736 articles publiées durant cette période. Les critères de sélection étaient au nombre de quatre : le diagnostic est défini sur l’histopathologie, la série de cas doit être continue (étude longitudinale), la période de suivie et la modalité thérapeutique parfaitement définies. Les cinq méthodes chirurgicales décrites dans la littérature et analysées sont : le curetage, l’énucléation simple et/ou associée à des thérapeutiques adjuvantes (bleu de méthylène, solution de Carnoy, cryothérapie), l’énucléation radicale consistant en élimination de l’os périphérique de la lésion soit par curetage ou par résection à l’aide d’instrument rotatif associé à l’exérèse des tissus mous directement en contact avec la lésion, la marsupialisation ou décompression, et enfin la résection mandibulaire (marginale ou segmentaire). Les résultats de cette revue de littérature combinée à celle faite ultérieurement (de 1970 à 1998) selon les mêmes critères montrent que les taux de récidive sont 27,8% après énucléation, 18,2% après marsupialisation et énucléation de la lésion résiduelle, 4,8% après énucléation + solution de Carnoy, et enfin de 1,85% après résection osseuse. La conclusion des auteurs est que l’énucléation combinée à l’utilisation de la solution de Carnoy serait la modalité thérapeutique qui permettrait d’une part de garantir un taux de récidive aussi faible que possible et, d’autre part une morbidité acceptable pour le patient. Malgré son faible niveau de preuve, l’intérêt de cette étude est de promouvoir une approche conservatrice en chirurgie de première intention des TOK, et de souligner l’intérêt de la solution de Carnoy (préparation à base alcool absolu+chloroforme+ acide acétique glacial+chlorure ferrique). Malgré le degré élevé d’invasivité de la procédure chirurgicale, la résection osseuse demeure inévitable dans certains cas, notamment en cas de lésions multilobulées avec présence de nombreuses anfractuosités (où il est quasiment impossible d’éliminer avec certitude la totalité de la paroi kystique), en cas de lésions multiples avec l’existence de kystes satellites et enfin les lésions étendues dans le maxillaire supérieur (où le risque de dissémination dans les régions de la base du crâne est majeur).

Pour en savoir plus : Johnson NR, Batstone MD, Savage NW. Management and recurrence of keratocystic odontogenic tumor: a systematic review. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol 2013;116:e271-e276.