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Revue de littérature - Octobre 2022

Cavité orale et Monkey Pox

L’infection par le virus Monkeypox (MPXV) a pour réservoirs majoritaires les rongeurs et les écureuils d’Afrique centrale et occidentale. Cette infection est une zoonose, c’est-à-dire transmissible entre les animaux et les humains par contact de sang, de fluides, ou de lésions infectées. La variole (ou petite vérole, maladie infectieuse inter humaine) a été déclarée éradiquée par l’OMS en 1980, alors que la variole du singe continue à se manifester sporadiquement (1). Le premier cas de variole du singe par le virus Monkeypox (MPXV) chez l’homme a été décrit en 1970 (2). Cette infection est transmissible essentiellement par contact direct cutanéomuqueux notamment de contacts sexuels mais également par gouttelettes respiratoires et/ou par l’intermédiaire d’objet comme les linges ou la vaisselle.
En Europe, on rapporte 20 083 cas déclarés d’infection au Monkey Pox, dont 3 999 cas en France.  En France, 95 % des cas sont survenus chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et des partenaires multiples. Mais cette pathologie n’est pas exclusive de cette population, et peut également atteindre des patients hétérosexuels (3).

Cliniquement, la période d’incubation du Monkey Pox est de 5 et 21 jours. Son diagnostic est clinique mais il est possible de réaliser un prélèvement sur lésions afin d’effectuer un diagnostic biologique (recherche de l’ADN viral). Cela est indiqué en cas de doute clinique (symptômes non francs ou contexte d’exposition non identifié).
Les symptômes généraux consistent en une maladie fébrile aiguë avec de nombreuses lésions cutanées, génitales et anales (4). Au niveau de la cavité orale des travaux ont rapportés la présence de lésions orales en lien avec le Monkey Pox. Une revue systématique a analysé 1256 patients répertoriés dans la littérature et a mis en évidence qu’une atteinte orale était présente dans 15 cas (5). Elles étaient présentes sur l’ensemble de la muqueuse buccale, y compris les lèvres et la langue, mais principalement au niveau des amygdales (15 cas). Les lésions rencontrées étaient des papules, des vésicules, des pustules, des ulcérations, des érythèmes, des œdèmes, des énanthèmes, accompagnés d’une hypertrophie des amygdales. Les patients présentaient également des manifestations systémiques, principalement des lésions cutanées ainsi que des lymphadénopathies, de la fièvre, des céphalées et des myalgies. Les prises en charges comportaient différents traitements antirétroviraux et antimicrobiens et des traitements symptomatiques (5).
Une étude multicentrique prospective observationnelle espagnole réalisée entre mai et juin 2022, a inclus 181 patients ayant fait l’objet d’un diagnostic confirmé de Monkey Pox. Les auteurs ont mis en évidence que 43% de ces patients présentaient une atteinte orale et péri orale dont 25% des ulcérations buccales franches (6).
D’autres auteurs ont rapporté la présence d’atteintes buccales dans le cadre d’une infection au Monkey Pox. Tous présentaient des ulcérations orales (7–9).

Auteurs Journal, date N total n avec lésions orales Localisation
Ardila CM et al.(5) J Oral Pathol Med. 2022 1256  n=15,

1.2%

Cavité orale
Eloy José Tarín-Vicente et al.(6) Lancet. 2022 181 n=78,

43%

Cavité orale et oropharynx (25% cavité orale)
Thornhill JP et al.(10) N Engl J Med. 2022 528 n=26,

4.9%

Pharyngite ; lésions buccales ; lésions amygdaliennes
Peters et al. (9) J Oral Maxillofac Surg. 2022 2 2 Ulcération de la langue
Schlabe et al. (11) Dtsch Arztebl Int. 2022 1 1 Ulcération commissure labiale
Lotfi Benslama et al.(7)

J Stomatol Oral Maxillofac Surg 2022

1 1 Ulcération de la langue

La prise en charge est ambulatoire. Pour les formes simples le traitement est symptomatique. L’évolution est souvent favorable en 2 à 4 semaines (3). Seulement 3% des malades ont nécessité une hospitalisation en France. La prise en charge doit également prévoir un isolement du patient dès l’apparition des symptômes (J1), jusqu’à cicatrisation des lésions (au minimum 21 jours) (3). L’instauration d’un traitement par anti-inflammatoires ou corticoïdes est à proscrire. Pour les formes graves et après discussion collégiale il est possible de mettre en place un traitement antiviral. Une vaccination supprimée en 1984, a été remise en place suite aux nouveaux cas de Monkey Pox et est actuellement accessible.

Références :

1.     Monkeypox. https://www.who.int/news-room/questions-and-answers/item/monkeypox?gclid=CjwKCAjwzY2bBhB6EiwAPpUpZlR1xH8scAEnXmTimyHPtStoIsfnLkepq8E3NI3mB7e4Mf6jkQnfDhoCOQcQAvD_BwE [Accessed November 3, 2022]

2.     Foster SO, Brink EW, Hutchins DL, Pifer JM, Lourie B, Moser CR, Cummings EC, Kuteyi OE, Eke RE, Titus JB, et al. Human monkeypox. Bull World Health Organ (1972) 46:569–576.

3.     Réponses Rapides : infection par le virus Monkeypox – Prise en charge en médecine de 1er recours. Haute Autorité de Santé https://www.has-sante.fr/jcms/p_3361191/fr/reponses-rapides-infection-par-le-virus-monkeypox-prise-en-charge-en-medecine-de-1er-recours [Accessed November 3, 2022]

4.     Tarín-Vicente EJ, Alemany A, Agud-Dios M, Ubals M, Suñer C, Antón A, Arando M, Arroyo-Andrés J, Calderón-Lozano L, Casañ C, et al. Clinical presentation and virological assessment of confirmed human monkeypox virus cases in Spain: a prospective observational cohort study. Lancet (2022) 400:661–669. doi: 10.1016/S0140-6736(22)01436-2

5.     Ardila CM, Arrubla-Escobar DE, Vivares-Builes AM. Oral lesions in patients with human monkeypox: A systematic scoping review. J Oral Pathol Med (2022) doi: 10.1111/jop.13375

6.     Tarín-Vicente EJ, Alemany A, Agud-Dios M, Ubals M, Suñer C, Antón A, Arando M, Arroyo-Andrés J, Calderón-Lozano L, Casañ C, et al. Clinical presentation and virological assessment of confirmed human monkeypox virus cases in Spain: a prospective observational cohort study. Lancet (2022) 400:661–669. doi: 10.1016/S0140-6736(22)01436-2

7.     Lotfi Benslama, Jean-Philippe Foy, Chloé Bertolus. Monkeypox oral lesions. Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial Surgery (2022) 123:596.

8.     Monkeypox‐related oral manifestations and implications: Should dentists keep an eye out? – Riad – Journal of Medical Virology – Wiley Online Library. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jmv.28091 [Accessed November 3, 2022]

9.     Peters SM, Hill NB, Halepas S. Oral Manifestations of Monkeypox: A Report of 2 Cases. J Oral Maxillofac Surg (2022)S0278-2391(22)00715–7. doi: 10.1016/j.joms.2022.07.147

10.     Thornhill JP, Barkati S, Walmsley S, Rockstroh J, Antinori A, Harrison LB, Palich R, Nori A, Reeves I, Habibi MS, et al. Monkeypox Virus Infection in Humans across 16 Countries – April-June 2022. N Engl J Med (2022) 387:679–691. doi: 10.1056/NEJMoa2207323

11.     Schlabe S, Boesecke C, Isselstein J. Ulcer at corner of mouth as first sign of infection with monkeypox virus. Deutsches Ärzteblatt international (2022) doi: 10.3238/arztebl.m2022.0274