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Revue de littérature - Novembre 2022

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Stratification du risque de récurrence des kératokystes odontogéniques

En 2017, l’OMS actualise sa classification des tumeurs et kystes odontogènes. L’un des changements majeurs de cette actualisation concerne les kératokystes : on distingue désormais les kystes odontogéniques ortho-kératinisés (dont le taux de récivide est très faible) des kératokystes odontogéniques (KO). Cette dernière entité présente une paroi para-kératinisée. Elle a été un certain temps, considérée comme une tumeur, en raison notamment de son taux de récurrence important, très supérieur à la forme ortho-kératinisée.

Titinchi F. Novel recurrence risk stratification of odontogenic keratocysts: A systematic revie. Oral Diseases. 2022; 28:1749-59

L’auteur de cet article s’intéresse alors à identifier les paramètres clinico-pathologiques communément associés avec un taux élevé de récurrence des KO, à travers une revue systématique de la littérature.

Les articles inclus dans cette revue doivent porter sur les KO (syndromiques ou non) et traitant de leur récurrence, avec une confirmation anatomo-pathologique. Chaque publication doit inclure au moins 5 cas, et comparer les KO récidivant versus ceux ne récidivant pas, traités par les mêmes méthodes chirurgicales.

La recherche bibliographique se fait sur les bases de données PubMed/Medline, Scopus, Web of Science, Google Scholar et Cochrane.

Après avoir identifié 7901 articles, 23 sont finalement retenus, pour un total de 2064 KO (439 récurrents).

Pour chaque publication inclue, les paramètres clinico-pathologiques sont gradés en fonction du risque de récidive, lui-même basé sur la différence statistique calculée dans la publication originale. Ainsi, chaque paramètre se voit attribué une note de 1 à 3 selon le risque associé de récurrence. La stratification du risque se fait alors sur la somme des paramètres en présence : un total inférieur à 2 équivaut à un risque léger, entre 3 et 6 à un risque modéré, et supérieur à 6 à un risque élevé de récidive. Cette méthodologie de stratification s’inspire d’une publication de Brandwein en 2001 portant sur des carcinomes.

Les paramètres avec la note la plus élevée, et donc majorant le risque de récidive, sont :

– Paramètres démographiques : l’âge (2e, 5e et 8e décades) ;

– Paramètres radiologiques : un aspect multiloculaire, la présence d’une perforation corticale, une taille supérieure à 4 cm, un contact étroit entre la lésion et les dents ;

– Paramètres histologiques : la présence de kystes filles ou d’un bourgeonnement épithélial ;

– Paramètres immunohistochimiques : une forte expression de Ki67, un taux élevé d’AgNOR.

 

On peut noter que le caractère syndromique des KO ne confère « que » 2 points, de même que la localisation mandibulaire postérieure.

L’auteur rappelle que l’ensemble des études incluses dans sa revue sont d’un niveau de preuve faible, s’agissant pour la grande majorité de séries de cas. Aucune étude prospective randomisée n’a été retrouvée (il serait cela difficile d’envisager un tel type d’étude sur ce sujet).

En discussion, l’auteur suggère de traiter de manière plus « agressive » les lésions dont le score serait supérieur à 6, donc avec un risque élevé de récidive. Il est important cependant de noter qu’une partie des paramètres nécessaires au calcul du score ne sont disponibles que par une analyse anatomo-pathologique.

Au-delà de modifier notre prise en charge chirurgicale, ce score peut nous permettre d’adapter la fréquence du suivi postopératoire en fonction du risque attendu de récidive.