L’anxiété, facteur de risque de douleur chronique après toute chirurgie
Masselin-Dubois A, Attal N, Fletcher D, Jayr C, Albi A, Fermanian J, Bouhassira D, Baudic S. Are Psychological Predictors of Chronic Postsurgical Pain Dependent on the Surgical Model? A Comparison of Total Knee Arthroplasty and Breast Surgery for Cancer. J Pain. 2013 May 16. pii: S1526-5900(13)00906-1. doi: 10.1016/j.jpain.2013.02.013. [Epub ahead of print]
L’anxiété, la dépression et le catastrophisme sont généralement considérés comme des facteurs prédictifs de la douleur postopératoire chronique. Cela pourrait cependant être très différent d’une chirurgie à l’autre autrement dit être dépendant du type chirurgical. L’équipe du Pr Bouhassira a évalué dans cette étude la valeur prédictive de ces facteurs pour la douleur postopératoire chronique dans deux modèles chirurgicaux différentes: l’arthroplastie totale du genou pour l’arthrose (89 patients, 65% de femmes, âge moyen = 69 ± 9 ans, intensité de la douleur de base = 4,7 ± 2,1) et ablation d’une tumeur mammaire (100 patients, 100% femmes, âge moyen = 55 ± 12 ans, pas de douleur préopératoire). Les données ont été recueillies avant la chirurgie, puis 2 jours et 3 mois après la chirurgie. L’anxiété, la dépression et catastrophisme ont été mesurés grâce à l’inventaire d’anxiété état-trait de Spielberger, l’inventaire de dépression de Beck, et l’échelle de catastrophisme de la douleur, respectivement. La douleur a été évaluée avec le Questionnaire Concis sur les Douleurs. La douleur neuropathique a été détectée avec le questionnaire DN4. Leurs résultats montrent que l’état anxieux et la sensibilité à la douleur (« l’amplification de la douleur ») avant l’opération sont des facteurs prédictifs indépendants du développement d’une douleur chronique ultérieure, quel que soit le type de chirurgie et le profil du patient. Par ailleurs, la douleur aiguë deux jours après l’opération contribue également à la douleur chronique postopératoire.
Ainsi, l’état d’anxiété et de l’agrandissement de la douleur semblent constituer des facteurs de risque psychologiques de la douleur postopératoire chronique pertinente dans tous les modèles chirurgicaux.
Ces facteurs sont à considérer comme des « drapeaux rouges » pouvant être évalués avant une intervention. Si une opération n’est pas urgente, le fait d’apaiser au préalable l’anxiété par des médicaments ou des thérapies cognitivo-comportementales peut réduire le risque de douleur postopératoire.
L’ibuprofène en préopératoire peut il améliorer l’efficacité d’une anesthésie loco-régionale à l’épine de Spix ?
Efficacy of preoperative ibuprofen on the success of inferior alveolar nerve block in patients with symptomatic irreversible pulpitis: a randomized clinical trial.
Noguera-Gonzalez D, Cerda-Cristerna BI, Chavarria-Bolaños D, Flores-Reyes H, Pozos-Guillen A. Int Endod J. 2013 Mar 11. doi: 10.1111/iej.12099. [Epub ahead of print]
L’objectif principal de cette étude clinique a été d’évaluer l’effet de la prise d’ibuprofène en préopératoire sur le succès de l’anesthésie locorégionale du nerf alvéolaire inférieure chez des patients présentant une pulpite irréversible symptomatique. L’anesthésie était réalisée avec de la mépivacaine associée à de l’adrénaline 1/100 000ème.
Il s’agit d’une étude clinique randomisée en double aveugle versus placebo. Deux groupes de 25 patients chacun sont inclus, tous les patients présentent une pulpite irréversible symptomatique d’une molaire mandibulaire. Pour être inclus dans l’étude les patients doivent présenter une douleur prolongée (> 10 secondes) après un test au froid et doivent évaluer leur douleur sur l’échelle visuelle analogique de Heft-Parker. Les patients reçoivent alors soit 600 mg d’ibuprofène (groupe IBU) soit le placebo, une heure avant l’anesthésie du nerf alvéolaire inférieur à l’épine de spix. Quinze minutes après l’anesthésie, le bloc anesthésique a été évalué par un examen en trois étapes (engourdissement de la lèvre inférieure, réponse positive ou négative au test au froid et inconfort lors de la réalisation de la cavité d’accès endodontique). Le succès de l’anesthésie locorégionale a été défini comme l’absence de douleur au cours de l’une de ces évaluations. Résultats : Tous les patients ont rapporté une douleur d’intensité modérée ou sévère au moment de l’inclusion. Des différences statistiquement significatives ont été observées entre le groupe ibuprofène et le groupe placebo (P <0,05), les taux de réussite pour le bloc à l’épine de Spix étaient de 72% dans le groupe iburpofène et de 36% dans le groupe placebo.
CONCLUSIONS: l’administration orale préopératoire d’ibuprofène a considérablement amélioré l’efficacité l’anesthésie du nerf alvéolaire inférieure chez les patients présentant une pulpite irréversible symptomatique.
L’anesthésie des molaires mandibulaires en état de pulpite irréversible peuvent être particulièrement difficile à anesthésier. Depuis la première étude de Modaresie en 2006, cette nouvelle étude est la 7ème qui s’interroge sur la capacité d’un AINS à diminuer la sensibilité périphérique et donc l’inflammation favorisant ainsi l’efficacité de l’anesthésie locale. Aujourd’hui, il y a autant d’études qui démontrent l’efficacité de la prise d’AINS une heure avant l’anesthésie locale que d’étude qui ne retrouve aucune efficacité. Il s’agit d’un sujet particulièrement intéressant qu’il conviendra de surveiller de près !