SFCO

Revue de littérature - Juillet 2021

Similitudes entre Covid-19 et lésions radio-induites

 

Article analysé: Commonalities between COVID-19 and radiation injuries

Rios CL, Casatt DR, Hollingswroth BA, Satyamitra MM, Tadess YS, Taliaferro LP, Winters TA, DiCarlo AL.

Radiat Res 2021 January 01;195 (1):1-24.

 

Le corollaire de l’émergence d’une nouvelle maladie est qu’il n’existe, à ses débuts, aucun traitement approuvé par les autorités sanitaires. Ainsi, plusieurs thérapeutiques utilisées habituellement contre d’autres pathologies ont été testées chez les patients atteints par le SARS-CoV2. Cet article met en parallèle l’infection à SARS-Cov2 et les effets biologiques aigus et chroniques de la radiothérapie, dans le but de proposer des solutions thérapeutiques. Au cœur de ces similitudes :

  • La composante inflammatoire : l’ « orage cytokinique » chez les patients atteints de Covid19 est bien décrit ; or, après irradiation, on observe un relargage cytokinique important au niveau des cellules endothéliales, fibroblastiques, immunes et parenchymateuses. De même, une dysrégulation du système rénine-angiotensine a été mise en évidence dans les deux cas de figure.
  • La vascularisation est ciblée directement par le virus de la Covid19 (atteinte directe des cellules endothéliales, thrombose, coagulopathies), et l’on sait que les effets aigus de la radiothérapie sont basés sur une atteinte vasculaire avec sénescence des cellules endothéliales et dysrégulation de la coagulation.
  • Les biomarqueurs sériques : pour les patients infectés par le SARS-Cov2, comme pour les patients irradiés, on observe une élévation de la substance amyloïde sérique, de la CRP, et l’IL-6 a été identifiée comme un bon marqueur pour la Covid19 et pour l’exposition aigue aux radiations.
  • Un déséquilibre électrolytique, rapporté dans les deux cas.
  • Les effets au niveau pulmonaire (fibrose), cardiaque (ischémie), cérébral (maux de tête, désorientation…) sont observés chez les patients Covid+ et chez les patients irradiés (selon la localisation de l’irradiation).

Les thérapeutiques visant à limiter les effets secondaires aigus ou chroniques de la radiothérapie sont mises en parallèle avec leur utilisation possible ou effective chez les patients atteints par la Covid19.

  • Les facteurs de croissance : des essais cliniques sur l’EPO (érythropoïétine) et le GM-CSF sont en cours.
  • Les antioxydants : la famotidine semble limiter la production de radicaux libres, diminuant les dommages cellulaires et tissulaires.
  • Les antiinflammatoires : le tocilizumab, indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, a été proposé dans la prise en charge des effets tissulaires radio-induits ; une étude en cours (RECOVERY) évalue son action sur l’inflammation induite par la Covid19. La dexaméthasone, utilisée dans les séquelles radio-induites, permet également une diminution de la mortalité induite par la Covid.
  • Les anti-fibrotiques : le nintedanib (inhibiteur de tyrosine kinase), l’imatinib, la pentoxifylline (vasodilatateur périphérique) sont actuellement à l’étude.
  • Les thérapies ciblées : le bevacizumab permet de réduire les effets indésirables radio-induits ; un niveau élevé de VEGF a été retrouvé chez les patients Covid+, et une étude est en cours concernant l’intérêt du bevacizumab (anti VEGFr) dans cette population.
  • Enfin, les thérapies cellulaires font l’objet d’essais cliniques.

Commentaire :

Tout comme les effets indésirables radio-induits, les manifestations de la Covid 19 sont très variables d’un individu à l’autre, et sont dominées par une composante inflammatoire et une composante vasculaire. Jamais auparavant la recherche médicale n’avait avancé aussi rapidement sur la connaissance d’une pathologie. La diversité des atteintes et des manifestations cliniques de la Covid  a conduit à la fois à rechercher et proposer des innovations thérapeutiques, mais aussi, du fait de l’ampleur de la pandémie, à proposer d’évaluer l’efficacité de thérapeutiques préexistantes. Les nombreuses similitudes entre les effets indésirables aigus radio-induits et la Covid pourraient conduire d’une part à évaluer les thérapeutiques préventives ou curatives de l’iatrogénie radio-induite chez les patients Covid+, et d’autre part, à faire bénéficier les patients irradiés de certaines nouvelles thérapeutiques développées pour prendre en charge l’infection à SARS-Cov2.

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