SFCO

Revue de littérature - Janvier 2020

Revue de la littérature SFCO janvier 2020. Pr. P. Lesclous

 

Oral health in adults with congenital heart disease

Folwaczny M, Wilberg S, Bumm C et al. J Clin Med 2019, 8, 1255;doi :10.3390 /jcm80811255

 

Résumé :

La flore bactérienne buccale et les foyers infectieux bucco-dentaires sont impliqués dans la pathogénèse d’un grand nombre d’endocardite infectieuses (EI). Dans ce cadre, la santé orale de patients adultes atteints de cardiopathies congénitales (CC) revêt une importance particulière. Dans cette étude cas-contrôle se déroulant dans un centre cardiologique de Munich en Allemagne comparant le niveau de santé orale de 112 patients CC à celui de 168 patients contrôles sains. Les proportions d’hommes et de femmes sont les mêmes dans les 2 populations. De plus, le groupe de patients CC a été stratifié selon le degré de sévérité de la cardiopathie de manière à distinguer les patients à haut risque d’EI et à évaluer le respect de la prescription d’une antibioprophylaxie (ABP) lors de gestes dentaires invasifs. En utilisant l’indice CAOD (dents cariées, absentes ou obturées), les auteurs ont montré un score moyen significativement plus faible chez les patients CC que dans la population contrôle. En ce qui concerne la santé parodontale, les auteurs ont mis en évidence un saignement au sondage et une perte d’os alvéolaire moindre dans la population CC. La stratification a permis de distinguer un sous-groupe de 16 patients atteints de CC légères, un autre de 44 patients atteints de CC modérés et un dernier sous-groupe de 52 patients atteints de CC sévères, donc à haut risque d’EI. Aucune différence significative n’est enregistrée concernant le CAOD ou la santé parodontale entre les différents sous-groupes de patients CC. Une ABP est bien significativement plus prescrite chez les patients CC que chez les patients contrôles mais sans distinction du degré de sévérité de la cardiopathie. Les auteurs en concluent que la population CC a globalement une meilleure santé bucco-dentaire qu’une population contrôle saine probablement parce que cette population cardiologique est mieux sensibilisée à l’importance de l’hygiène orale et d’un suivi bucco-dentaire dentaire régulier.

 

Commentaires :

Cette étude, bien conduite sur le plan méthodologique, montre cependant certaines limites. D’abord chez les patients CC, l’ABP n’a pas été réservée au seul sous-groupe à haut risque d’EI comme le stipulent les recommandations de bonne pratique en vigueur. Cette étude montre donc une surprescription antibiotique chez ces patients. Ensuite, le niveau d’éducation et d’information de la population CC étudiée à l’importance de l’hygiène orale au regard de leur cardiopathie n’est pas précisé. C’est dommage car cela influe directement sur l’état de santé bucco-dentaire d’un individu. Cette étude recèle plusieurs autres résultats intéressants.

 

 

Calculation of postoperative bone healing of cystic lesions of the jaw : a retrospective study.

Sacher C, Holzinger D, Grogger P, Wagner F, Sperl G, Seemann R. Clin Oral Invest 2019, 23 :3951-3957.

 

Résumé :

Si la chirurgie des lésions kystiques des mâchoires fait l’objet d’une littérature profuse, celle concernant la guérison osseuse après leur énucléation est très limitée. L’objectif de cette étude était de calculer la taille des lésions osseuses résiduelles dans le temps après énucléation partielle (lors d’une décompression par exemple) ou totale d’une lésion kystique des mâchoires et d’en inférer un modèle mathématique prédictif de la cicatrisation osseuse. Il s’agit d’une étude rétrospective incluant 114 patients après énucléation kystique totale et 86 après énucléation kystique partielle, toutes localisations anatomiques confondues, provenant du Service de Chirurgie Maxillo-Faciale et Orale du centre médical universitaire de Vienne en Autriche. Des mesures horizontales (mésio-distales) et verticales (cranio-caudales) de la décroissance de ces lésions kystiques ont été effectuées sur des radiographies panoramiques ou des scanners (CT scan) ou des cone beams (CBCT). En utilisant un modèle d’analyse de régression linéaire, il a été possible de calculer dans quelle mesure la lésion diminuerait à partir de ses dimensions initiales et après un certain temps de cicatrisation osseuse. Les auteurs ont ainsi trouvé qu’après énucléation kystique partielle la taille mésio-distale (M en mm) de la lésion obéissait à l’équation suivante : M=6+0.7m-9.4t où m est la taille mésio-distale initiale de la lésion en mm et t le temps de suivi en années. Toujours après une énucléation partielle, la taille cranio-caudale (C en mm) de cette lésion obéissait à l’équation suivante : C=5.1+0.7c-7.3t ou c est la taille cranio-caudale initiale de la lésion en mm et t le temps de suivi en années. Après énucléation kystique totale, M=0.4+0.7m-8.4t et C=0.4+0.5c-6.4t. Les coefficients de corrélation sont assez élevés R2=0.59 après énucléation kystique partielle et R2=0.67 après énucléation kystique totale. Ces équations sont donc des outils prédictifs utiles qui permettent d’informer utilement les patients sur la cicatrisation osseuse post-opératoire. De plus, elles sont indépendantes de la nature histologique des kystes. Elles permettent aussi au chirurgien de déterminer le délai à partir duquel une mise en place d’implants sera possible.

 

Commentaires

Cette étude est originale et utile. Mais ces équations doivent maintenant être validées a posteriori sur des grandes séries de patients et sur des temps plus longs que ceux observés dans l’étude (0.97 an pour les énucléations partielles et 0.70 an pour les totales) afin d’en vérifier la véracité (ou si des facteurs correctifs devraient être introduits) et donc in fine la réelle valeur prédictive de la cicatrisation osseuse dans ce cadre.