SFCO

Revue de littérature - Février 2012

Accidental benzalkonium chloride (Zephiran) injection.

Erdem Kilic, Nilay Er, Alper Alkan, Ayten Ferahbas.

Oral Surg, Oral Med, Oral Pathol, Oral Radiol and Endod.Vol 112, Issue 6, Dec 2011, Pages e103-e105.

La littérature contient un grand nombre de rapports concernant l’injection accidentelle de solutions variées, en lieu et place d’un anesthésique local. Si la plupart impliquent l’hypochlorite de sodium, tout autre liquide pouvant être placé sur la table opératoire peut faire l’objet d’une injection malencontreuse.

C’est le cas rapporté ici avec l’injection accidentelle de Chloride de Benzalkonium (Zephiran*), ammonium quaternaire cationique de surface destiné à l’antisepsie de la peau et des muqueuses et éventuellement à la désinfection de matériel hospitalier ou de surface.

L’injection de ce produit chez une femme de 33 ans, en lieu et place d’un anesthésique local au niveau de 31 devant être extraite, a provoqué très rapidement un œdème du menton et du cou suivit d’une dyspnée précédant une perte de conscience. La patiente hospitalisée d’urgence a reçu 100 mg de prednisolone en IV et 2 ml de maléate de phéniramine en IV également. Son traitement médical a été poursuivit pendant 14 jours à l’aide de :-méthylprednisolone en IM tous les jours, -maléate de phéniramine en IV, deux fois par jour, -lansoprazole ,30 mg par jour en gélule. L’œdème a augmenté pendant 4 jours et s’est résolu graduellement au cours des 10 jours suivants.

Des lésions nécrotiques sont apparues le 5° jour ; au 20° jour l’évaluation clinique révèle une zone nécrotique de l’os alvéolaire et de la muqueuse sus-jacente, à partir du vestibule de 41 s’étendant jusqu’aux molaires du côté gauche. A ce stade une intervention chirurgicale sous anesthésie locale a été pratiquée pour supprimer le tissu nécrotique et réaliser une vestibuloplastie.La paresthésie qui s’était installée au début a disparu dans les 3 mois.

Ce rapport de cas met l’accent, une fois de plus, sur la nécessité d’être extrêmement vigilant lorsque l’on doit pratiquer une injection. En effet, il est très facile de charger une seringue destinée à l’injection d’un anesthésique local avec un produit autre que l’anesthésique lorsqu’il y a sur la table opératoire plusieurs liquides disponibles et principalement si ces liquides sont translucides (c’est le cas du Zéphiran*).Pour éviter ce geste malencontreux qui peut avoir des conséquences dramatiques, il faut bannir de la table opératoire tous les  liquides translucides autres que ceux destinés à être injectés. De la même manière, il faut s’interdire tous les produits conditionnés en cartouche destinés à être placés dans une seringue métallique, exceptés les anesthésiques locaux.


 

A model for the pathogenesis of bisphosphonate-associated osteonecrosis of the jaw and teriparatide’s potential role in its resolution.

Gayathri Subram anian, Harold V Cohen, Samuel Y P Quek

Oral Surg, Oral Med, Oral Pathol, Oral Radiol & Endod.Vol 112, Issue 6, Dec 2011, P: 744-753

Les mécanismes éthiopathogéniques des ostéonécroses des maxillaires induites par les bisphosphonates (ONM) ne sont pas complètement élucidés. Différentes théories existent mais aucune ne fait actuellement l’unanimité.

L’objectif de cette étude est de proposer une nouvelle hypothèse pathogénique pour cette affection en se basant sur les preuves actuellement disponibles dans la littérature. Après étude des différents mécanismes, les auteurs suggèrent que la pathogénie des ONM est multifactorielle et qu’elle est le résultat combiné de trois facteurs :
-rôle de la maladie sous-jacente (ostéoporose, myélome multiple) qui implique la suppression de la fonction ostéoblastique.
-rôle du traitement par les bisphosphonates qui implique la suppression de la fonction ostéoclastique.
-rôle des facteurs locaux qui influencent le remodelage osseux pour maintenir l’homéostasie osseuse et la réponse à une blessure.
La conjonction de ces trois facteurs compromet l’interaction ostéoblaste-ostéoclaste nécessaire au remodelage osseux, ce qui crée un cercle vicieux dont le résultat est un remodelage inefficace avec persistance des défects osseux compromettant la vascularisation et conduisant finalement à une nécrose. Pour les auteurs, l’intégrité de la fonction ostéoblastique est déterminante dans le résultat de l’interaction ostéoblaste-ostéoclaste et une excellente activité ostéoblastique pourrait soutenir le cycle de remodelage malgré une fonction ostéoclastique très diminuée.

La littérature a également fait ressortir six rapports de cas récents concernant la résolution  spontanée des ONM après administration de Tériparatide, peptide synthétique d’hormone parathyroïdienne humaine (PTH). C’est dans sa capacité à augmenter la fonction ostéoblastique que cette molécule suscite un grand intérêt comme actif potentiel dans la gestion des ONM. Bien sûr des études cliniques seront nécessaires pour confirmer les justifications biologiques et les données préliminaires de l’efficacité du Tériparatide dans la guérison des ONM.

La preuve de l’efficacité de cette molécule serait indiscutablement une confirmation de notre hypothèse éthiopathogénique des ONM.

Bien que le Tériparatide soit contre-indiqué dans la maladie de Paget et chez les malades atteints de tumeurs osseuses malignes ou de métastases osseuses, il est par contre parfaitement indiqué dans l’ostéoporose primitive et l’ostéoporose cortisonique. Dans ce sens, si son efficacité contre les ONM se confirme nous disposerions, au moins pour ces patients, d’une première arme intéressante.