SFCO

Revue de littérature - Août 2022

Fiorillo, L., Cicciù, M., Tözüm, T.F. et al.

Impact of bisphosphonate drugs on dental implant healing and peri-implant hard and soft tissues: a systematic review.

BMC Oral Health 22, 291 (2022).

https://doi.org/10.1186/s12903-022-02330-y

La technique implantaire constitue, en absence de contre-indication, un gold standard dans le cadre de la réhabilitation prothétique. La population actuelle est fréquemment exposée à la prise de qui interférent avec le métabolisme osseux, en particulier les bisphosphonates, dans un contexte ostéoporotique ou carcinologique.
La réhabilitation prothétique chez les patients traités dans le cadre d’une ostéoporose par ces molécules peut être source d’interrogations.
L’objectif de cette revue de la littérature est d’éclairer les praticiens sur les contre-indications du traitement implantaire chez le patient prenant ou ayant pris des bisphosphonates, en analysant l’effet de ces molécules sur les thérapies implantaires.
Ce travail a consisté en une analyse de la littérature des 15 dernières années, en interrogeant plusieurs bases de données de revues médicales et scientifiques (Scopus®, Web of Science®, Google Scholar®, Pubmed®, MDPI®) et portant sur les résultats d’études multicentriques et d’essais cliniques contrôlés, d’essais contrôlés randomisés, d’études comparatives de cas traités et de cas témoins.  La technique de recherche utilisée a respecté les critères PRISMA et suivi la méthode PICO.
Après avoir appliqué des critères définis d’inclusion et d’exclusion, 9 articles seulement ont été retenus sur les 312 identifiés après interrogation des bases de données. Il est mentionné que l’utilisation des bisphosphonates dans ces études ne présentait pas de contre-indication formelle au recours à la thérapeutique implantaire, et que le geste chirurgical était associé à un protocole adapté, comprenant une prophylaxie pharmacologique pour réduire les risques d’échecs implantaires.
Dans les articles sélectionnés, un groupe d’entre-eux traite de l’utilisation d’implants revêtus de bisphosphonates de manière topique (clodronate) avant implantation comparés à des implants non revêtus. Le second groupe traite cette fois de patients ayant été implantés pendant ou après avoir reçu des bisphosphonates.
Les valeurs des pertes osseuses marginales mesurées au cours du temps montrent une tendance favorable pour les patients traités par bisphosphonates, comparés aux pertes osseuses dans les groupes contrôles non traités, légèrement supérieures.
La conclusion des auteurs souligne que les différentes études analysées ont porté sur 378 patients et au moins 1687 types d’implants différents, avec des résultats plus favorables lorsque les bisphosphonates étaient présents. Cependant des analyses complémentaires sont nécessaires pour clarifier cette question.
Commentaire :

Cette étude analyse en fait deux types d’étude qu’il ne faut pas confondre:

– Une première catégorie où sont utilisés des implants revêtus de bisphosphonates comparés à des implants non revêtus, avec des durées de suivi plus ou moins longues. Cependant il est observé des meilleurs résultats avec les implants revêtus, ce qui paraît assez « logique » étant donné l’action de ces molécules sur le tissu osseux. Il est à noter tout de même que cette application topique n’est absolument pas validée.

– Une seconde qui analyse cette fois des patients traités antérieurement par bisphosphonates ou toujours en cours de traitement et ayant bénéficié de la pose d’implants. Les résultats obtenus montrent un taux d’échec relativement faible et des résultats comparables aux témoins non traités.

Cette étude confirme que la prise d’anti-résorbeurs à visée ostéoporotique, quels qu’ils soient, ne doit plus contre-indiquer formellement la pose d’implants. Les auteurs soulignent cependant que dans ces contextes de traitement par bisphosphonates (ou autres), l’intérêt majeur d’une analyse scrupuleuse du statut médical et de la situation clinique. Il est primordial de rechercher les différents facteurs de comorbidités et les thérapeutiques qui accroissent le risque d’apparition d’une ostéo-chimionécrose, du fait de la difficulté à traiter cette complication.